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(Radio-Vatican) Le Primat de l'Église d'Angleterre, Justin Welby, et le pape François ont célébré les vêpres ensemble ce mercredi 5 octobre à Rome, à l'église de San Gregorio al Celio. Dans son homélie, s'appuyant sur l'image du bon pasteur, le Saint-Père a insisté sur le double message délivré par Dieu à travers cette rencontre oecuménique : un message d'unité et d'amour, qui dépasse les divisions.

Le Pape l'explique, «Dieu comme berger, veut rassembler ses brebis perdues, réunir son peuple, et désire surtout que les pasteurs se consacrent à cette unité». Mais souvent, déplore-t-il, des divisions apparaissent. «Dans les moments d'obscurité, nous avons perdu de vue le frère qui se tenait à côté de nous, parce que l'incompréhension et la suspicion se sont condensées autour de nous, et qu'un nuage de dissensions et de controverses s'est formé au-dessus de nous, souvent pour des raisons historiques, culturelles et pas seulement théologiques».

Pour dépasser ces divisions, rappelle le Saint-Père, Dieu nous appelle à suivre cette méthode pastorale. Car avec l'aide de la grâce, «nous pouvons passer de l'obscurité à la lumière, de la dispersion à l'unité, de l'absence à la plénitude». Et «ce chemin de communion est le chemin de tous les chrétiens et c'est votre mission particulière, en tant que pasteurs anglicans et catholiques de la Commission internationale pour l'unité et la mission» a déclaré le Pape devant l'Assemblée.

Anglicans et catholiques sont frères

Promouvoir l'unité, c'est non seulement promouvoir l'unité de la famille chrétienne, mais aussi «de la famille humaine» toute entière, formée de nombreuses identités diverses, insiste le Pape. Car «quand nous offrons nos services conjointement, les uns à côté des autres, lorsque nous favorisons l'ouverture et la rencontre, en surmontant la tentation de la fermeture et de l'isolation, nous œuvrons en faveur de l'unité de la famille humaine». Anglicans et catholiques sont frères, affirme François. Des frères «qui appartiennent à différentes traditions, mais qui sont entraînés par le même Évangile pour entreprendre la même mission dans le monde». Ainsi, c'est en partageant ensemble et de façon concrète «les joies et les difficultés» de ce ministère, que s'opère le rapprochement. Le Pape invite donc les anglicans et les catholiques à être des «promoteurs d'un œcuménisme audacieux et réel». C'est la seule façon de «rassembler un peuple divisé» a dit le Pape, pour ce 50è anniversaire du rapprochement entre anglicans et catholiques.

Voilà le chemin du Bon Pasteur, explique le Pape, un «chemin commun inspiré par le bâton pastoral de Saint Grégoire le Grand, qui pourrait bien symboliser la grande importance œcuménique de cette rencontre». Car c'est en envoyant Saint Augustin de Canterbury et ses moines aux anglo-saxons que «le pape Grégoire a ouvert une grande page évangélisatrice, qui est notre histoire commune et nous lie inséparablement» poursuit le Pape. Mais, attention, met en garde le Pape, si le bâton pastoral permet de diriger et rassembler les brebis, mais il a aussi une pointe pour «pousser ceux qui ont tendance à se refermer», «à s'enfermer dans des cercles restreints, des microclimats ecclésiaux». Il faut au contraire sortir, exhorte François, «pour vivre et annoncer l'Évangile sur les routes du monde», comme les grands missionnaires.

Après le pape François, le Primat de l'Église d'Angleterre Justin Welby a pris la parole. L'archevêque de Canterbury a appelé à ne pas être «de mauvais moutons, à devenir introverti, et à tourner le dos au Sauveur qui est allé à notre rencontre, nous les pauvres, les immigrés, les esclaves et les réfugiés». Pour le leader spirituel de la communauté anglicane, «nous sommes appelés à être les mains de notre Bon Pasteur qui libère, à être ses pieds et sa bouche. La bouche qui appelle, les mains qui recueillent, les pieds qui traversent tous les obstacles pour trouver la brebis perdue et la ramener chez elle».

Relever ensemble le défi d'unité

Dans une déclaration commune du Saint-Père et du Primat anglican, François et Justin Welby ont enfin rappelé qu'il y a 50 ans, 1966, le pape Paul VI et le Primat de l'Église d'Angleterre de l'époque, Michael Ramsey, se rencontraient à Rome. Une première étape historique qui ouvrit le dialogue entre anglicans et catholiques pour les années suivantes. C'est lors de cette rencontre que la Commission catholique internationale anglicane-romaine a été créée pour poursuivre «un dialogue théologique sérieux, fondé sur les évangiles et sur les anciennes traditions communes, pour conduire à cette unité dans la vérité».

Les deux leaders religieux, ensemble, ont rendu grâce, pour le travail de cette commission qui, 50 ans plus tard, a porté ses fruits en «examinant les doctrines qui ont créé des divisions à travers l'histoire, et permet de partir aujourd'hui d'une nouvelle perspective de respect et de charité mutuelle», et pour relever ce «nouveau défi d'unité».

Dans cette allocution commune, ils ont enfin rappelé que anglicans et catholiques sont aujourd'hui «unis dans la conviction que les extrémités de la terre ne représentent pas seulement une notion géographique, mais un appel à porter le message salvateur de l'Évangile de façon toute particulière à ceux qui sont aux marges et aux périphéries de notre société».