Montréal

La solitude est une réalité qui s’est exacerbée en ces temps de distanciation sociale, notamment pour les personnes aînées. C’est pourquoi une magnifique initiative a été prise bénévolement à la résidence Les Résidences Floralies LaSalle, l’idée étant de se faire proches et présents en tant que croyants, tout en respectant les normes de sécurité. Un autre beau témoignage de créativité pastorale en ce temps où la COVID-19 touche durement les plus vulnérables.

L’Abbé Alain Mongeau, vicaire épiscopal et curé de la paroisse St-Jean-Baptiste, a été sollicité par une de ses paroissiennes, Adélaïde Doussau travaillant durant la crise à Les Résidences Floralies LaSalle. Le projet d’une messe bien spéciale a pris forme dans cette résidence privée pour personnes aînées qui a été durement touchée par la COVID-19, à environ 50% rapporte Adélaïde. Cette dernière a eu envie de s’impliquer davantage, bénévolement cette fois, pour soutenir les résidants et le personnel. Elle a donc pris l’initiative d’une animation musicale sur place avec un ami musicien, Réal, inspirée par la vidéo d’une autre paroissienne chantant aux fenêtres d’une résidence: «Ensuite, comme ça a été très bien reçu, j’ai demandé avec délicatesse s’ils pensaient qu’une messe ferait plaisir, parce qu’il y avait beaucoup de catholiques dans la maison, et la direction a tout de suite embarqué», explique Adélaïde. 

La messe a été célébrée à l’extérieur, le jour de la fête des Mères : «Ceux qui le voulaient venaient aux balcons ou aux fenêtres, pis on était dans la cour», explique l’abbé Mongeau. «C’était très beau. Il y avait des visages dans les fenêtres, les gens nous envoyaient la main, c’était la fête des Mères. C’était émouvant et très signifiant». 

Pour la communion un système de custodes a été organisé permettant à certain de communier : «Cette hostie-là avait un goût très particulier. Très présence réelle», dit Adélaïde. Le tout était bien goupillé pour assurer une sécurité totale et aucun contact: «Il y a des gens qui étaient tout émus puis qui disait c’est comme si Dieu venait vers eux», raconte Alain Mongeau. Il ajoute : «Comme il faisait très froid, ceux qui étaient sur le balcon sont rentrés et pis moi quand je regardais, y’avait des visages dans les fenêtres. C’est une image que j’oublie pas. Y’en a qui nous bénissaient de leur fenêtre, y’en a qui chantaient…». 

Pour Adélaïde Doussau aussi l’image a été marquante : «C’était très émouvant de voir les personnes aux fenêtres. C’est aussi un petit peu difficile parce qu’il y avait des visages où on pouvait sentir la solitude. Ils sont très bien soignés là-bas, mais c’est quand même dur la distanciation sociale quand on est confiné en chambre», exprime-t-elle. Cette initiative est profondément en lien avec le sens qu’elle donne à la mission chrétienne : «Pour moi c’est beau parce que ça a vraiment de la portée. Ça a fait du sens pour les gens présents, ça créé de la joie. Fallait être un peu audacieux, un peu farfelu, un peu créatif, et c’est ce qu’on a fait. Et j’étais aussi très reconnaissante que Alain, Réal et Yvan (qui a filmé) embarquent».  

Dans le même sens, l’abbé Mongeau a l’impression que ce genre d’initiative tapait «en plein dans le mile» : «Ça nous oblige à aller aux fameuses périphéries. Y’en a une. [Les résidences pour personnes aînées] c’est vraiment une frontière de l’isolement et puis de la souffrance et c’est très pertinent que l’Église soit présente partout où elle peut ». C’est ainsi qu’il arrive à voir sa vision de l’Église enrichie par la crise de la COVID-19. 
 
Pour conclure, Alain Mongeau ajoute : «On se propose de peut-être essayer de le refaire dans d’autres résidences. On est en contact. Moi, les dimanches après-midi, après la messe en ligne, ben je serais heureux de pouvoir continuer de faire ça parce que ça vient rejoindre les gens».  D’autres messes seront donc célébrées sous peu dans différents milieux pour aînés. 

Pour avoir un aperçu de ce beau moment, regardez le montage vidéo partagé sur la page Facebook de Les Résidences Floralies.