Montréal

Le 14 octobre, devant un parterre attentif, Rudolf d’Autriche, petit-fils du dernier empereur d’Autriche Charles 1er et de l’impératrice Zita, a présenté, en compagnie de l’archiduchesse Marie-Hélène d’Autriche, une causerie sous le thème de la transmission de la foi dans la famille.

Invité par l'Association pour la béatification de l'impératrice Zita-Canada et la Fondation du Grand Séminaire de Montréal, le couple a semblé séduire par sa simplicité et sa complicité.

Comment en ces temps troublés transmettre notre foi au sein même de notre famille? Cette question et les nobles conférenciers ont attiré plus de deux cents personnes dans la chapelle du Grand Séminaire de Montréal. La réponse apportée est loin de la recette magique. En lieu et place, Rudolf d'Autriche et l'archiduchesse Marie-Hélène ont plutôt parlé de la foi, du sacrifice, du jeûne et de l'espérance.

Tout au long de la période de questions qui a suivi cette causerie, l'inquiétude des familles présentes se faisait entendre. Devant une grand-mère qui se désolait de constater que ses enfants incroyants ne transmettaient plus la foi à leurs propres petits, l'archiduc l'a invité à prier et à être elle-même un signe.

En entrevue, le petit-fils de Zita souligne qu'il n'y a pas de recettes afin d'assurer la transmission de la foi au sein de ces familles.

« C'est très difficile. Si jamais cela m'arrivait, je sais que je prierais intensément pour mes enfants et mes petits-enfants. J'essayerais de garder le contact surtout avec les petits-enfants, pas pour tenter de les convertir. Non, simplement pour qu'ils puissent voir comment je vis. Je ferais mon signe de croix à la table devant eux, comme à l'habitude. Qui sait? Ce geste pourrait donner naissance à une interrogation de la part du jeune. Peut-être qu'un jour demandera-t-il de lui-même le baptême! C'est tout un cheminement. Il n'y a pas de recette pour cela! » 

Grâce à ses nombreux voyages pour promouvoir la cause de la béatification de l'impératrice Zita qui a vécu au Québec durant la Deuxième Guerre mondiale, l'archiduc est à même de constater que la famille se fragilise au sein d'une société de plus en plus déstabilisée. Devant cette réalité, il invite les catholiques à se reprendre en main.

« Nous pouvons nous demander ce que les politiciens font pour que ce monde ne se déstabilise pas davantage. Ce n'est pas d'eux que viendra le secours. Cela viendra des chrétiens. Par contre, ces derniers doivent se reconvertir », plaide-t-il.

Loin de perdre espoir devant le tumulte annoncé, il fait remarquer que la société et l'Église ont vécu au cours de l'histoire des périodes encore plus troubles. « Qu'a fait Dieu devant cela? Il a suscité saint Bernard, saint Benoit, saint Dominique, saint François. Je commence à voir naître de nouvelles communautés. Quatre de mes enfants sont membres de la Fraternité Eucharistein fondée en Suisse par le père Nicholas Buttet. Il suffit de rallumer le feu. Les jeunes ont soif de Dieu. »

L'archiduc Rudolf, qui a résidé un temps à Montréal tout en travaillant à la Banque Scotia, croit que les chrétiens ne doivent pas attendre la «perfection» pour s'impliquer en politique. Il ne se fait toutefois pas d'illusion sur leur pouvoir dans certains pays.

« Dans des pays libres où le peuple peut amorcer un référendum comme en Suisse, les chrétiens s'engagent. Ils ne gagnent pas toujours. Ce qui est grave c'est le fait que nous ne vivons plus dans une démocratie. Soyons honnêtes! C'est une particratie dans la plupart des pays. Si vous voulez monter au sein du parti, il faut que vous soyez d'accord avec l'ensemble de leur plateforme. Sinon, vous ne montez pas. Vous n'avez aucune chance. »

Élevé dans le but de servir, l'archiduc tient fermement à ce qu'il y ait une concordance entre ce qu'il fait, ce qu'il dit et ce qu'il pense. « En sommes, tout revient à la foi. C'est toute l'éducation que nous avons reçue. Pour nous, régner c'est servir. Nous ne sommes pas du style à prendre le pouvoir par la force! », dit-il en riant.