Montréal

Une rencontre sur la présence de l’Église en milieu autochtone, des échanges, deux conférenciers qui se sont livrés, complétés et enrichis dans le respect et la profondeur de leur vécu : Jacques et Rose-Anne ont touché les cœurs lors de la conférence Mission chez nous. À la fin de la soirée, tous sont repartis ravis, interpellés et intrigués.

Le 23 octobre dernier avait lieu la conférence-bénéfice de l’organisme Mission Chez Nous. À l’invitation de Mgr Christian Lépine, à la fois président de Mission chez nous et archevêque de Montréal, l’événement qui était organisé conjointement par Lucie Martineau, directrice de Mission chez nous, et Louise Royer, responsable de la pastorale sociale au diocèse de Montréal, se voulait un temps de rapprochement et d’approfondissement quant aux trésors que les peuples autochtones du Canada ont à nous apprendre, et une réflexion sur la mission, en ce mois missionnaire extraordinaire. Donnant la parole à deux témoins, la soirée s’est déroulée dans une curiosité collective et l’envie de mieux connaître ceux avec qui nous partageons l’histoire.

En présentant la soirée, Madame Royer a relaté les mots du Professeur Pierre-René Côté, de l’Université Laval, qui comparait le peuple atikamekw aux Hébreux dans l’Empire romain, puisque la nation est petite et méconnue.

Un peuple comme une famille

Jacques Laliberté, prêtre oblat, a été missionnaire durant 24 ans chez les Atikamekws. Si le mot « missionaire peut être péjoratif » dans les oreilles de certains, Jacques Laliberté l’a plutôt reçu au cœur de son appel à devenir prêtre, voulant « être disponible pour les communautés éloignées et autochtones ». À l’âge de 37 ans, il est envoyé à Wemotaci, l’une des trois réserves de la Nation Atikamekw. Le défi est de taille, car il est lancé sans connaître la culture et les manières de la communauté. Un an plus tard, il est envoyé aussi à Opitciwan où il restera 15 ans. Ils étaient trois à aller de paroisse en paroisse, alternant toutes les trois semaines entre Wemotaci, Opiticiwan et plus tard Manawan — les trois communautés de la Nation Atikamekw. « On brûlait les camions en quatre ans », a-t-il raconté, décrivant les conditions routières extrêmes et les énormes distances que la petite équipe parcourait.

Dès les premiers jours, le Père Laliberté a eu le désir de bâtir une communauté paroissiale dans laquelle l’engagement de tous serait sollicité et où les « autochtones prendraient complètement la responsabilité dans la paroisse ». Plus largement, son rêve était de « devenir inutile ». Malgré beaucoup de doutes durant trois ans et peu d’avancement à ses yeux, il décide de miser sur la formation. Des soirées de prières finissent par prendre forme et le Père Laliberté dira avoir vécu une des soirées de prière les plus profondes de sa vie.

Au fil des regroupements, les communautés atikamekws ont fait partie de divers diocèses. Présentement, chacune appartient à un diocèse différent. L’affection du père Laliberté pour ces gens qu’il a longtemps côtoyés était palpable.

Hommes et femmes de prière

Rose-Anne Gosselin, de la Nation Anishnabe, est originaire du Témiscamingue. Née d’une mère anishnabe et d’un père canadien-français, elle nous a toutefois révélé que sa foi est celle « transmise par les femmes algonquines [soit sa mère] et [sa] grand-mère ». Elle a partagé les histoires que lui racontait sa grand-mère sur les chrétiens, sur les missions ambulantes où il n’y avait un prêtre que quelques fois par année : « les gens n’avaient pas accès aux sacrements, mais à la prière », a-t-elle raconté. C’est donc cette prière qui prenait toute la place selon elle et « faisait vivre la foi ». « Quand j’ai l’occasion de prier avec des autochtones, c’est encore une expérience de prière très profonde », a-t-elle ajouté.

Rose-Anne Gosselin a aussi exprimé que pour elle, des valeurs morales comme le partage, l’entraide, qu’on retrouve dans la foi chrétienne, sont aussi des réalités très importantes aux cœurs des peuples autochtones : « Si les Algonquiens ont adhéré à l’Évangile, c’est que déjà il y avait des affinités ».

Rose-Anne travaille actuellement au Service d’intégration à l’emploi au sein de l’Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador, à Kahnawake.


Pour en apprendre davantage sur Mission chez nous : https://www.missioncheznous.com