Montréal

(Présence-info) Quelques heures à peine après avoir présidé les funérailles de René Angélil, Mgr Christian Lépine présidait pour la deuxième fois en autant d'années une eucharistie à l'intention des chrétiens persécutés dans le monde. Plus de 150 personnes s'étaient rassemblées à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde afin de manifester leur soutien à leurs coreligionnaires qui souffrent en raison de leur foi.

Mgr Lépine était entouré d'une douzaine de concélébrants, dont le père Marwan Tabet, évêque éparchial des maronites catholiques au Canada et le père Pierangelo Paternieri, responsable de l'Office des  communautés culturelles et rituelles du diocèse de Montréal. La célébration était organisée en collaboration avec l'organisme Aide à l'Église en détresse (AED).

Dans une courte présentation, Marie-Claude Lalonde, directrice nationale d'AED Canada, a rappelé « qu'il y a actuellement 200 millions de chrétiens dans le monde qui ne peuvent pratiquer leur foi librement. Ils sont éparpillés sur presque tous les continents: l'Asie, l'Afrique, l'Amérique du Sud et même l'Europe. »

Prier pour les tortionnaires

Cette persécution prend divers visages. « Les chrétiens sont victimes de contraintes administratives, de discrimination à l'emploi; ils n'ont pas les mêmes droits que les non-chrétiens, ils sont emprisonnés et parfois tués à cause de leur foi. Pourtant, la liberté religieuse est un droit fondamental reconnu par l'ONU dans la Déclaration universelle des droits de l'homme », a fait remarquer Mme Lalonde.

Pour elle, « il est de notre devoir en tant que chrétiens de dénoncer la violence dont les chrétiens sont victimes. Il est de notre devoir de faire connaître leur situation et de prier pour eux. En cette Année de la Miséricorde, j'ose vous demander de prier pour leurs tortionnaires. Qui sait ce qui arriverait si un seul se convertissait... comme saint Paul autrefois. »

Dans son homélie, Mgr Lépine s'est dit impressionné par la foi des chrétiens persécutés. « Je suis toujours étonné par leur foi en Jésus-Christ. Elle leur donne la force de poursuivre leur route et de pardonner. Leur cœur demeure ouvert à l'amour. Ils sont pacifiés. »

Lors d'une entrevue accordée en marge de cette eucharistie, Mgr Christian Lépine, membre du Conseil d'administration international de l'AED, a souligné que lors de ses contacts avec les chrétiens du Moyen-Orient, nombreux sont ceux qui lui ont confié leur très grande peine face à l'exil de leurs frères et sœurs dans la foi. « Il est donc important de prier pour que les chrétiens soient toujours présents au Moyen-Orient où ils habitent depuis près de deux millénaires. »

La force de la prière

En entrevue, Mme Lalonde a également insisté sur les effets de la prière sur ceux qui subissent la persécution dans leur pays. « J'ai un ami à Bagdad. Je me suis fait un devoir de lui envoyer un courriel dans lequel je lui ai dit que nous allions organiser une eucharistie en faveur des chrétiens persécutés et que nous allions prier pour lui et pour sa communauté. Vous ne pouvez pas savoir ce que cela leur donne comme énergie! De savoir que nous prions pour eux, cela leur donne la force de continuer. Même quand ils ne savent pas que l'on prie pour eux, je suis convaincue que la prière a un effet sur eux », a-t-elle confié.

Les fidèles qui ont assisté vendredi soir à cette eucharistie « modeste et simple », selon les mots de Mgr. Lépine, ont pu entendre la chorale de la paroisse Saint-Éphrem, de la communauté catholique syriaque de Montréal, interpréter des chants liturgiques en arabe et en français. Sa directrice, Maghi Borgi, a précisé que la chorale est composée de Libanais, de Syriens et d'Irakiens. « Nous sommes présentement une vingtaine de chanteurs, mais avec la vague de réfugiés, le nombre augmente. Plusieurs étaient membres d'une chorale dans leur pays. Ils veulent encore chanter malgré tout! C'est important pour eux », a expliqué Mme Borgi, elle-même née au Liban d'un père syrien et d'une mère libanaise.