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(Présence-info) Six travailleurs humanitaires Québécois ont été tués dans l'attaque terroriste du Burkina Faso, le 15 janvier dernier.

Sur le site Web du Casira (Centre amitié de solidarité internationale de la région des Appalaches), Yves Carrier explique le quotidien des douze bénévoles qu'il souhaite recruter pour un prochain stage de coopération au Burkina Faso. La réparation, l'entretien et la construction de bâtiments seront au menu tout comme un peu d'animation auprès des enfants d'écoles et d'orphelinats. Ce séjour de coopération se déroulera à la fin de 2015 et au début de 2016, explique-t-il.

À Tenkodogo, les bénévoles seront appelés à travailler à la construction d'un poulailler pour les Sœurs de l'Immaculée-Conception, une communauté religieuse d'Afrique. À la maison régionale des Sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours de Ouagadougou, les coopérants volontaires vont installer des grillages et poser du carrelage. Cette congrégation a été fondée au Québec et Yves Carrier la connaît depuis plusieurs années.

Le coopérant, qui habite Lac-Beauport, dans la région de Québec, ne pourra pas rendre compte de toute l'affection qui le liait au Burkina Faso et à ses habitants. Il ne pourra pas non plus raconter quels projets ont été réalisés par les volontaires présents au Burkina Faso depuis la veille de Noël. Vendredi dernier, il perdait la vie à Ouagadougou, la capitale, lorsque des djihadistes liés à Al-Qaïda ont attaqué deux hôtels et deux restaurants fréquentés par des Occidentaux.

Les autorités ont fait état de 29 décès au lendemain de cet attentat terroriste. Parmi les victimes, six Québécois, dont quatre membres de la famille Carrier (Yves, Charlelie, Maude et Gladys Chamberland, conjointe d'Yves). Deux autres volontaires du même projet de solidarité, Suzanne Bernier et Louis Chabot, sont aussi décédés.

En visite chez les religieuses

Secrétaire générale de la Congrégation des sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours, Gaétane Guillemette s'est dite profondément attristée par ce tragique événement.

«Nous sommes bouleversées. Nos sœurs africaines ont communiqué avec nous dans la soirée. Le groupe venait tout juste de passer à notre maison de Ouagadougou. Ils étaient venus saluer les sœurs en fin d'après-midi. Trois d'entre eux s'en allaient faire leurs bagages pour revenir au Québec sur l'avion de 23h. Le groupe allait accueillir trois autres volontaires qui devaient coucher chez nous», raconte la religieuse.

«On les connaissait bien. De beaux liens d'amitié se sont créés avec les membres de ce groupe. Parmi eux, quelques-uns avaient passé huit jours à notre maison de Mani pour aider la population.»

«Notre pensée aujourd'hui rejoint les familles et amis de ces bénévoles au cœur généreux et ouvert sur le monde de ceux et celles qui ont besoin de notre amitié, de notre aide et du partage de nos expériences et de nos compétences», ajoute la secrétaire générale. La Congrégation des sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours a été fondée en 1892 à Saint-Damien-de-Buckland. Elle est aujourd'hui présente dans neuf pays, dont trois d'Afrique.

Depuis plus de vingt ans, la congrégation propose à des laïcs de participer à des stages missionnaires avec des religieuses d'Afrique. Le groupe mis sur pied par Yves Carrier ne faisait pas partie de ces stages. «Mais la mère de monsieur Carrier a déjà été une stagiaire missionnaire auprès de notre communauté au Burkina Faso», se rappelle sœur Guillemette.

L'attentat de vendredi dernier ne remet pas en question de tels projets de solidarité internationale. «On va continuer d'encourager les gens à y participer. Quand ils sont avec nous, toutes les précautions sont prises. Mais si vous remarquez, le problème, c'est quand les gens vont dans les capitales, dans les lieux publics. Ce sont ces lieux que les djihadistes attaquent», dit la religieuse Gaétane Guillemette.

D'ailleurs, demande-t-elle, «y a-t-il un endroit qui ne soit pas dangereux aujourd'hui? Le danger est partout. Personne n'est à l'abri. Cela pourrait nous arriver ici, à Montréal, à Québec», ajoute-t-elle.

Pas de risque zéro

«Nous sommes très tristes devant la mort de ces six Québécois et de toutes les victimes de cet attentat», lance Michèle Asselin, directrice générale de l'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI). Le groupe Casira est membre de l'AQOCI.

«Nous avons communiqué avec les familles et l'organisme et nous  les avons assurés de notre solidarité», dit-elle.

Elle reconnaît, qu'en coopération internationale, «malheureusement, il n'y a pas de risque zéro. Vendredi, c'était Ougadougou. Il y a quelques semaines, c'était Paris. Il y a des risques partout dans le monde».

Michèle Asselin explique que plusieurs organismes de coopération d'ici interviennent dans des pays en conflit.

«Les coopérants qui acceptent de participer à des projets dans des pays à risques suivent des formations. Des règles de sécurité doivent être respectées dont l'interdiction pour les coopérants d'être dans des lieux publics ou de participer à des activités publiques. On leur demande aussi de ne pas sortir le soir, après le coucher du soleil. Ce n'est pas facile mais ces règles permettent d'assurer la sécurité des coopérants.»

«Au Burkina Faso, on va suivre la situation de près», assure-t-elle. Mais elle ne doute pas que «la coopération, la solidarité internationale avec le pays va se maintenir». C'est ce que souhaite la population, dit-elle. Au lendemain de l'attaque de vendredi, «on était tristes d'entendre l'inquiétude des Burkinabés pour qui l'aide au développement est primordiale. On a entendu leur cri du cœur. Ces liens de solidarité entre le Québec et le Burkina Faso sont forts, ils ont été tissés depuis de nombreuses années».

La directrice générale de l'AQOCI a tenu à rendre hommage à tous ces volontaires qui, comme la famille Carrier et leurs amis, s'engagent en coopération internationale.