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(Présence-info) Pour la première fois en près de 200 ans, des experts travaillent à restaurer l’édicule du tombeau dans l’église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem. Selon la tradition, c’est à cet endroit que le corps de Jésus aurait été inhumé après sa crucifixion.

Ce vaste chantier lancé au début du mois de juin sera complété dans un an. Il faut consolider la structure du bâtiment et lui apporter des réparations majeures. Les travaux ont été confiés à une équipe de spécialistes de l'Université polytechnique nationale d'Athènes.

Ce projet de restauration aurait pu ne jamais se concrétiser sans un accord entre l'Église catholique, l'Église grecque orthodoxe et l'Église arménienne apostolique. Depuis le milieu du XIXe siècle, ces trois Églises administrent chacune une section de l'église du Saint-Sépulcre. Elles défendent avec opiniâtreté leurs prérogatives sur leur portion de ce Lieu saint, compromettant ainsi sa restauration. Or, cette fois, les rivalités ont été mises de côté.

L'accord du Statu quo a été signé en 1852, à la demande des autorités ottomanes afin de clarifier et de codifier les prérogatives de ces trois Églises pour l'administration des Lieux saints du christianisme. L'église du Saint-Sépulcre est administrée par les autorités catholiques, grecques-orthodoxes et arméniennes, de même que par des membres des Églises coptes, syriaques et éthiopiennes.

De longues discussions préalables

Selon le franciscain Athanasius Macora, ce chantier n'a pas donné lieu à des «frictions» entre les diverses Églises. Le père Macora est responsable de la Custodie franciscaine de Terre Sainte. «Une belle synergie s'est établie entre les dirigeants des trois Églises. Elles en sont rapidement arrivées à un accord.»

L'adverbe «rapidement» doit cependant être nuancé, puisque les trois Églises discutent de ce projet de restauration depuis au moins l'an 2000.

L'actuel édicule du Tombeau a été construit par en 1810. Deux ans plus tôt, il avait été rasé par un violent incendie. Craignant que l'édicule ne s'effondre, les autorités britanniques de la Palestine y ont fait ériger d'immenses échafauds métalliques, ce qui a défiguré le site pendant presque toute la première moitié du XXe siècle.

Au début du XXIe siècle, divers experts ont appelé en vain à effectuer des travaux de réfection dans les meilleurs délais.

En fait, il a fallu que la police israélienne bloque l'accès au bâtiment pendant quelques heures (on craignait alors qu'il ne s'effondre), en février 2015, pour que catholiques, grecs-orthodoxes et arméniens ne reprennent leurs pourparlers. En mars 2016, les trois Églises signaient une entente rendant possible la restauration de l'édicule du Tombeau.

«Nous devons consolider la structure et tâcher de ramener [l'édicule] à sa forme primitive», affirme le père Macora. «Il est donc essentiel que les travaux se déroulent rondement. Si tout se passe bien, l'unité entre les trois Églises sera renforcée. S'ils se passent moins bien, leurs relations pourraient en souffrir», admet le franciscain.

Les trois Églises contribuent à parts égales au projet de restauration, dont les coûts estimés avoisinent l'équivalent de 4 millions de dollars canadiens. Le roi Abdullah de Jordanie contribue également, à titre personnel, au financement de ce projet. Jusqu'en 1967, l'arrondissement historique de Jérusalem était directement administré par les autorités jordaniennes. Le roi Abdullah est, aujourd'hui encore, garant de la sauvegarde des Lieux saints musulmans et chrétiens de la Terre sainte, dont l'église du Saint-Sépulcre.

L'accès des pèlerins au site

De nos jours, le Tombeau du Christ est entouré par un mur blanc périmétrique. Les travaux de réfection sur les murs extérieurs de l'édicule sont cependant effectués en soirée afin que les pèlerins puissent accéder sans encombre au site.

«Le Tombeau est la pièce maîtresse de ce sanctuaire. C'est d'abord et avant tout pour accéder au Tombeau que les gens visitent l'église [du Saint-Sépulcre]. Tout le monde ici admettrait qu'il fallait de toute urgence faire ces travaux», affirme le père Macora. «Rien ne saurait nous empêcher de mener à bien ce chantier. Il est bien sûr essentiel que le travail soit effectué dans le respect des droits des autres communautés [de foi]», ajoute le franciscain.

Malgré les nombreuses tensions entre les Églises, le père Macora se réjouit de l'amélioration constante des relations entre catholiques, grecs-orthodoxes et arméniens, depuis les années 1960.

«Il y a bien eu, çà et là, quelques disputes. Il en surgira sans doute d'autres, au cours des années à venir. Cela dit, ces conflits sont beaucoup plus rares de nos jours qu'ils ne l'étaient jadis», affirme le responsable de la Custodie de la Terre Sainte.

Un vent de collaboration

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que ces trois Églises parviennent à unir leurs forces pour mener à bien un projet de rénovation. En 1997, elles ont étroitement collaboré afin de restaurer et de décorer le dôme qui surplombe le Tombeau. Ce projet avait été financé par George et Marie Doty, deux mécènes catholiques. Ce chantier avait pavé la voie à une ère de coopération entre les Églises mandataires du Saint-Sépulcre.

Il y a trois ans, à Bethléem, des travaux de restauration ont été menés à l'église de la Nativité. L'Autorité palestinienne avait alors joué un rôle d'intermédiaire, favorisant ainsi la collaboration entre les trois grandes Églises chrétiennes. Depuis, le plafond en boiseries de l'église de la Nativité a été rénové. Des travaux sont également en cours sur les mosaïques des murs latéraux.