Le frère André reconnu saint patron des aidants naturels
Montréal
(Présence-info) Les nombreuses démarches menées par Caroline Vadeboncoeur, 65 ans, ont été couronnées de succès. Ses prières ont finalement été exaucées.
Voilà six ans que la coordonnatrice du Regroupement des aidants naturels du comté de L'Assomption (RANCA) demande à ce que le frère André soit nommé saint patron des aidants et aidantes naturels. Le vendredi 30 septembre, les évêques catholiques du Canada ont accordé ce titre au fondateur de l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal à la toute fin de leur assemblée plénière annuelle.
Les évêques ont aussi adopté un décret qui nomme Mgr François de Laval saint patron des évêques du Canada. Quant à sainte Kateri Tekakwitha, elle a obtenu le titre de protectrice du Canada.
« J'ai appris la nouvelle avec grand bonheur», lance Caroline Vadeboncoeur, 65 ans. « Ce fut une bonne leçon de persévérance. Six années d'attente qui ont demandé de nombreuses communications avec les évêques. Et cela n'a pas toujours été facile. »
Elle raconte qu'elle a d'abord parlé de son projet aux pères Claude Grou et Mario Lachapelle, de l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, un peu après la canonisation du frère André en 2010.
« Je suis allée cogner à leur porte avec, entre les mains, tout le désespoir des aidants naturels. » Ils n'ont pas été difficiles à convaincre, dit-elle. Les liens sont évidents entre le frère André, les nombreux malades qui allaient le rencontrer et tous ces gens - le terme aidants naturels n'était pas encore inventé - qui devaient les accompagner sur la montagne. « Le frère André pouvait comprendre la détresse des aidants d'alors et il a certainement écouté leurs demandes. »
Depuis 2010, tous les six mois, elle demandait aux dirigeants de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) « pour connaître ce qui se passait dans ce dossier ».
Soutien gouvernemental
C'est en prenant connaissance de ses courriels qu'elle a appris la nouvelle, trois jours après la décision épiscopale. « Je suis tellement contente. Personnellement, mais surtout pour les aidants naturels qui vont pouvoir obtenir, au moins, un soutien spirituel important ».
Mais c'est probablement le seul soutien qu'obtiendront les aidants naturels, déplore la coordonnatrice du RANCA. « Les gouvernements se sont complètement déresponsabilisés face aux aidants naturels. Il n'y a pas de progrès. On est dans un creux de vague. On n'entend plus parler de nous. À l'occasion, une aidante naturelle courageuse va se rendre dans les médias pour dénoncer la situation et elle va recevoir quelques soins. Mais c'est tout », lance-t-elle.
Elle prédit même qu'il n'y aura plus de tels aidants dans un avenir rapproché, « si on continue d'être ignorés par le système ».
« Qui de la génération actuelle va vouloir signer un tel bail avec la pauvreté, l'isolement et l'épuisement? Je n'en connais pas! On est bien la dernière génération, nous dans la cinquantaine, à accepter un sort semblable. »
Elle ajoute qu'« on ne peut pas vivre sans argent de nos jours. Mais c'est ce qu'on demande aux aidants naturels. "Quitez votre travail, soyez de merveilleux aidants naturels, mais on ne vous donnera aucun service à la maison puisque vous les offrez déjà" ».
À l'oratoire
Le recteur de l'Oratoire Saint-Joseph, le père recteur Claude Grou, se félicitait aussi de la décision de la CECC.
« Les aidants naturels, ces hommes et ces femmes qui se dévouent à chaque jour auprès de membres de leur famille, nous montrent concrètement jusqu'où peut aller l'amour et la compassion », a-t-il déclaré.
« Tout comme eux, saint frère André savait se mettre humblement à l'écoute des milliers de personnes qui venaient partager avec lui leur souffrance. »
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