Montréal

Au Centre de jour René Gagnon, dans l’est de Montréal, les ex-détenus apprennent à franchir les premiers pas de leur nouvelle vie derrière les barreaux. Ils socialisent avec leurs pairs, des citoyens, et aussi avec Gérard Laverdure, coordonnateur de l’organisme depuis 2015.

« Lorsque les gars reviennent en société, ils sont assez désemparés. On les aide à obtenir un emploi, un logement et des assurances. On sert en quelque sorte de famille d’accueil. René Gagnon, le fondateur de l’organisme, a été aumônier de prison. Il a été vraiment touché par les gars lorsqu’il s’est rendu compte de la réalité qui les attendait, après avoir purgé leur peine », témoigne M. Laverdure.

Fondé en 2006, le Centre de jour René Gagnon accueille les ex-détenus dans le sous-sol du presbytère de l’église Sainte-Louise-de-Marillac, où les étages supérieurs sont destinés à la résidence René Gagnon. La résidence comprend huit chambres pour des ex-détenus, de retour dans la société.

« C’est une ressource importante pour les ex-détenus, surtout ceux qui ont eu à purger une longue peine derrière les barreaux. Ça a provoqué l’effritement des liens sociaux, et parfois même une coupure complète du monde extérieur. L’isolement peut mener à la dépression et à commettre des crimes. Mais plusieurs ont un suivi psychologique ou psychiatrique. Et on a une trentaine de groupes de soutien dans nos locaux. Ça porte fruit, car on observe un taux de 90% de non-récidive chez les participants », souligne en entrevue le coordonnateur du Centre de jour René Gagnon.

Une source d’espérance

Les lundis et mercredi midi, les ex-détenus et des usagers des Centres correctionnels communautaires (CCC) — des prisons en ville, la dernière étape avant leur réinsertion dans la société —, accompagnés d’agents de libération conditionnelle, reçoivent un bon repas qui leur réchauffe le coeur. Les cuisiniers bénévoles du Centre de jour donnent parfois quelques trucs pour manger plus sainement.

Le Centre de jour René Gagnon offre toutefois plus que de la nourriture, des jeux de société et des ateliers de confection de courtepointe. Une « nourriture spirituelle » est aussi au menu. « On essaie de rattacher la personne à sa dimension spirituelle. On veut lui démontrer que sa vie n’est pas finie, qu’il y a du meilleur qui l’attend, mais que la Parole de Dieu est une source intarissable, comme lorsque Jésus a rencontré la Samaritaine et l’a invitée à boire à la source, grâce à laquelle elle n’aurait plus jamais soif », illustre celui qui a une formation en théologie et psychoéducation.

On profite aussi de Noël et de Pâques pour proposer un partage de la Parole de Dieu à la chapelle Sainte-Louise de Marillac. Les gars sont toujours libres d’y assister », précise le chrétien catholique, qui aura 75 ans en mars prochain.

« J’aime beaucoup les gars, je les respecte et ils le sentent. Je ne suis pas le boss; je les considère comme des frères. J’adore ce que je fais. Tant que je peux, je vais continuer la mission. Je prends ça comme un cadeau de Dieu », conclut-il.