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(AED) « Les chrétiens d’Irak étaient au nombre de 1,5 million en 2004. Ils ne sont plus que 250 000. Ceux qui restent risquent leur vie chaque jour », rappelle Marie-Claude Lalonde, directrice nationale du bureau canadien d’Aide à l’Église en Détresse (AED).

Dans une lettre envoyée mercredi au premier ministre du Canada Justin Trudeau, ainsi qu'au ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion et à l'Ambassadeur du Canada pour la liberté religieuse, Andrew Bennett. Elle n'hésite pas à parler de « génocide ».

Directrice depuis 15 ans de la division canadienne d'AED, organisme international de charité catholique, elle pointe également vers le mauvais sort des chrétiens de Syrie, qui ont vu leur nombre fléchir de 1,1 million au début de 2011 à « pas plus de 250 000 » aujourd'hui.

« Certes, les chrétiens sont partis à cause de la guerre, mais surtout parce qu'ils savaient que si l'État islamique (ÉI) croisait leur chemin, ce serait la conversion à l'Islam par la force, la mort, la torture ou l'esclavage (surtout pour les femmes et les enfants). » La situation « a pris une ampleur d'apocalypse », estime-t-elle, utilisant les mots mêmes de Mgr Louis Sako, patriarche des chrétiens chaldéens en Irak.

Marie-Claude Lalonde invite le Canada à faire comme le Parlement européen (détails plus bas) et à prendre « position publiquement pour défendre les minorités chrétiennes - et autres minorités religieuses - d'Irak et de Syrie. » Le Parlement lituanien a déjà adopté une résolution semblable en décembre dernier, parlant de génocide contre les chrétiens et autres minorités religieuses du Moyen-Orient.

Reconnaissance de génocide

Le parlement européen a récemment reconnu que les exactions commises par l'ÉI contre les minorités religieuses de Syrie et d'Irak s'apparentent non seulement à des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, mais également à un génocide.

La résolution 2091 (2016) reconnaît que des « individus qui agissent au nom de l'entité autoproclamée Daesh [...] ont commis des actes de génocide et d'autres crimes graves réprimés par le droit international. »

Le « crime de génocide » a une définition précise en droit international : il implique des crimes « commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Le droit international impose aux États et à la communauté internationale l'obligation de prévenir le génocide, de défendre les groupes qui font l'objet de génocide, et de juger et punir les responsables.
Icône détruite par l'ÉI à Maaloula, en Syrie.

La tentative, la complicité, le complot ou l'incitation à commettre un génocide sont également punissables. En conséquence, toute personne ou organisation, quelles qu'elles soient qui commet, tente de commettre, est complice de génocides, ou y incite, doit être poursuivie.

Selon AED, la reconnaissance du génocide est la première étape fondamentale pour obtenir que la communauté internationale agisse. L'utilisation du terme de génocide n'a pas seulement une forte signification symbolique; dans la pratique, la communauté internationale est prête à agir quand elle fait face à un génocide déclaré.

En 2015, le soutien d'Aide à l'Église en Détresse (AED) aux Églises locales d'Irak a été de plus de 15 millions de dollars. Il s'est chiffré à plus de 8 millions de dollars en Syrie. Et ce, sans compter l'aide déjà apportée dans les pays où les chrétiens sont réfugiés comme le Liban, la Jordanie et la Turquie.