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St-Joseph Travailleur et Consécration du diocèse - 1er mai 2020

Homélie - Vendredi, 1er mai 2020

St-Joseph Travailleur et Consécration du diocèse (Mt 13:54-58)

Dieu créa l’être humain à son image.

Dieu créa l'être humain à son image. À l'image de Dieu il le créa. Homme et femme il les créa. Cet extrait de l'Écriture Sainte se situe au début de la Bible. Il s’agit d’un texte millénaire. Il s’agit aussi d’un des plus grands passages de l'histoire de l'humanité. Et c’est un des plus grands écrits de l'histoire de l'humanité.

On y retrouve une affirmation de la dignité de l'être humain. De la dignité de tout être humain. Quel qu'il soit. Quelle que soit sa santé, quel que soit son travail, quel que soit son âge. Il s’agit vraiment d’une affirmation profonde concernant la dignité de tout être humain. En affirmant que l'être humain est créé à l'image de Dieu, l’Écriture Sainte nous offre une source inébranlable, un fond solide sur lequel nous pouvons cheminer afin de demander la grâce à Dieu de toujours y reconnaître la dignité intrinsèque de l'être humain, la dignité de chaque individu, au sein de chaque famille, mais également dans chaque société, par toute l'humanité, par toute la terre.

En ce temps de pandémie, mais il en a toujours été de même lors d'autres épreuves que l’humanité a dû traverser au cours de son histoire, en ce temps de pandémie, la dignité de l'être humain est un des aspects fondamentaux qu'il ne faut pas perdre de vue. La dignité des malades, celle des personnes exposées à la Covid 19, celle des personnes frappées dans leur existence ou des personnes isolées en cette période de confinement.


Mais il ne faut pas non plus perdre de vue la dignité des travailleurs, quelles que soit leurs conditions de travail, ni la dignité de ceux et celles qui ont perdu leur emploi ou de ceux et celles qui étaient déjà en chômage. Parce que ce qui fait la dignité de l'être humain n’est pas intrinsèquement lié au genre de travail qu'il fait. Elle n'est pas liée à un type de travail plus qu'à un autre.

Ce qui fait la dignité de l'être humain dans le monde du travail, c'est le fait que, quel que soit le type de travail qu’il accomplit, il s’agit toujours d’un être humain qui travaille. Et c'est cet aspect qu'il ne faut jamais perdre de vue. Quelle que soit la situation qu’une personne traverse, même si elle a perdu son emploi, cette personne demeure avant tout un être humain qui a perdu son emploi. Et peu importe le travail, tous les métiers quels qu’ils soient ont un rôle particulier à jouer, car la dignité des personnes ne varie pas selon le type de métier qu’elles pratiquent. La dignité de tout être humain est la même pour tous.

En ce temps de pandémie, nous nous tournons vers Joseph et vers Marie également. Dans toute crise que traverse une société, en toute crise du milieu de la santé, en toute crise humanitaire, l'Église s’est toujours faite proche des personnes pour les rejoindre dans les situations qu’elles traversaient. Par l’action des laïcs, par celle des religieux, des religieuses, des prêtres ou des personnes de vie consacrée qui se dévouent de mille manières pour aller à leur rencontre, l’Église a toujours répondu à leurs besoins.

Si certaines personnes ont la lèpre, il y aura toujours quelqu’un qui sera prêt à aller les rejoindre, pour se faire proche de ceux et celles qui ont la lèpre, même si cette personne court un danger de l’attraper.

Et dans les différentes périodes de peste que l’humanité a affrontées au cours de son histoire, il y a toujours eu quelqu'un qui s’est dévoué au service des pestiférés, il y a toujours eu des personnes qui ont pris soin des gens qui avaient attrapé la peste, au risque de l'attraper eux-mêmes.

C’est une constante dans toute l'histoire de l'Église : au nom de Jésus Christ, crucifié et ressuscité, des hommes et des femmes se sont dévoués sans compter pour se faire proches des plus démunis, des plus pauvres, des plus souffrants.

En ce temps de pandémie, en ce temps d'isolement et de confinement, alors que nous sommes tous tenus de respecter une certaine distanciation physique, il n'est pas évident de faire de même et de savoir comment réagir! Il n'est pas toujours évident de prendre soin de tout le monde, il n'est pas évident d'aller vers les autres.


L'Église se trouve dans une situation où elle aimerait servir davantage, mais ce n'est pas actuellement possible. Elle voudrait se faire davantage proche des plus pauvres, des plus démunis, mais ce n'est pas toujours possible. Dans ce contexte, en cette fête privilégiée du 1er mai, nous nous tournons vers Marie et vers Joseph.

Marie est la mère de l'Église et nous tournons notre regard vers elle pour lui demander de prendre soin de ses enfants, de prendre soin de l'humanité. Nous lui demandons de prendre soin de l’humanité parce que nous sommes conscients que, en cette période particulière, les circonstances rendent difficile aux membres de l’Église, et par conséquent à nous aussi, de prendre soin les uns des autres.

En cette fête du premier mai, tournons-nous vers saint Joseph pour lui demander de protéger ceux et celles que nous parvenons plus à protéger, parce que les limites imposées par le confinement nous empêchent de les protéger adéquatement.

Le plus souvent, lorsque qu’une une crise survient, la partie la plus difficile à assumer est le sentiment d'impuissance que chacun et chacune d’entre nous peut ressentir. On voudrait faire quelque chose de concret pour nos proches mais les circonstances nous en empêchent. Nous expérimentons combien nous sommes limités dans nos efforts pour rejoindre les besoins des autres personnes autour de nous!

Rappelons-nous que Dieu a le pouvoir de rejoindre tout être humain là où il se trouve, quel que soit le gouffre dans lequel il est plongé. Et Dieu a le pouvoir de toucher les cœurs quelle que soit l'angoisse qui étreint ce cœur. Cette période représente un temps privilégié pour recourir à la protection de Marie et de Joseph, pour les prier de prendre soin de nous.


La partie la plus difficile à assumer est le sentiment d’impuissance que chacun et chacune d’entre nous peut ressentir. Rappelons-nous que Dieu a le pouvoir de toucher les cœurs quelle que soit l’angoisse qui étreint ce cœur.


Au cours de cette messe, dans un premier temps, je vais réciter une prière pour invoquer la protection de Joseph sur notre humanité en ce temps de crise. Plus tard au cours de la célébration, je vais également invoquer la consécration de notre diocèse à Marie, Mère de l'Église.

En cette période de crise qui nous limite dans notre capacité à rejoindre les personnes plus fragiles ainsi que celles exposées à la Covid 19, prenons le temps de nous faire proches d’elles pour en prendre soin et pour les protéger de notre mieux.

Et, au cours de cette célébration, nous prendrons le temps de recourir à la protection de saint Joseph et aux soins de la Vierge Marie.

Je vais donc maintenant réciter la prière d’invocation à saint Joseph, afin de lui demander de nous protéger :

Prière à saint Joseph

Saint Joseph,

Nous nous confions à ta protection.

Saint Joseph, nous nous confions à ta protection, toi le Patron de l’Église Universelle, toi le Patron des travailleurs et le Premier Patron du Canada.

Protège l’Église afin qu’elle continue à travailler avec courage à annoncer aux femmes et aux hommes de notre temps la Bonne Nouvelle de la résurrection du Christ.

Protège la foi des familles et des personnes qui se préparaient à vivre les sacrements d’initiation chrétienne, afin qu’elles surmontent la déception de ne pouvoir les recevoir et qu’elles puissent également grandir dans leur soif de Dieu.

Protège le cœur des fiancés qui ont été bousculés en devant remettre leur projet de mariage, afin que ces hommes et ces femmes puissent vivre cet événement marquant de leur vie avec encore plus de profondeur.

Protège l’espérance des familles et des personnes qui ont perdu un être cher qu’elles n’ont pas eu la possibilité de visiter avant leur décès et qui n’ont pu bénéficier de l’accompagnement spirituel et humain dont elles auraient eu besoin pour surmonter leur peine en ce temps de deuil.

Protège les malades qui sont séparés de leur famille, afin que Jésus Ressuscité puisse toucher leur cœur et qu’il puisse les réconforter comme Il a lui-même été réconforté par l’Ange lors de son agonie au Jardin des Oliviers.

Protège le personnel des soins de santé, afin qu’ils trouvent dans la prière la force d’âme de servir autant les malades que la vie, au-delà des longues heures de travail et des risques de contagion qu’ils doivent affronter chaque jour.

Protège les personnes aînées qui sont particulièrement touchées et vulnérables devant cette pandémie, afin qu’elles puissent expérimenter au fond de leur cœur qu’elles ne sont abandonnées ni par leur famille, ni par la société et ni par l’Église, mais que tous se mobilisent afin de leur venir en aide.

Protège la dignité humaine de ceux et celles qui ont perdu leur emploi, de ceux et celles qui sont frappés par la précarité économique ou qui sont plongés dans le désarroi face au lendemain.

Protège les responsables des différents paliers de gouvernement, les employeurs et les acteurs de la vie économique et sociale, afin que tous puissent trouver des chemins de compassion, de justice et de solidarité.

Protège l’amour au cœur les familles, afin qu’elles puissent grandir dans l’attention à l’autre, dans la patience et dans la réciprocité du don de soi, en continuant à prier, tout en imitant la Sainte Famille.

Protège nos communautés chrétiennes, nos paroisses et nos missions, afin qu’elles demeurent engagées dans la mission, ici et maintenant, en s’appuyant sur la présence du Christ ressuscité au milieu d’elles, tout en recherchant sans cesse le don de l’Esprit Saint.

Protège le Peuple de Dieu qui vit douloureusement l’attente de pouvoir participer à nouveau à la célébration de l’eucharistie, afin que notre vie de prière personnelle et familiale, tout comme notre lecture régulière de la Bible, notre prière en ligne et nos communions spirituelles, fassent grandir en chacun d’entre nous la soif de l’eucharistie.

Saint Joseph, toi qui es un homme juste, toi qui es un descendant du roi David, toi l’époux de Marie et le père adoptif de Jésus, toi qui as été en ce monde un fidèle serviteur du Plan d’Amour de Dieu, nous nous confions à ta protection.

Et nous te confions également les familles, afin qu’elles soient toujours plus de petites églises domestiques, nous te confions la dignité des hommes et des femmes dans leur vocation au travail, nous te confions notre diocèse pour qu’ensemble nous devenions la Maison de la Sainte Famille et qu’ainsi nous puissions accueillir Marie comme la Mère du Sauveur.

Amen.