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Suite à l'annonce de la vénérabilité de Jeanne Mance, l'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, a tenu à réagir à cette belle nouvelle pour le diocèse.

Jeanne aux vertus héroïques!

C'est bien la Jeanne que nous connaissons et que nous avons adoptée depuis longtemps comme une des nôtres. Pourtant elle est venue de l'autre bout de l'océan, de Langres, en pleine terre de la Champagne. Cette deuxième d'une famille de 12 enfants se préoccupe de prendre soin de ceux et celles avec qui elle grandit. Après le décès de son père, vers 1635, elle se sent disponible pour répondre à une vocation particulière qui se précise en elle. Il y a pourtant plusieurs communautés religieuses féminines à Langres.

Elle a dû manifester beaucoup de courage pour répondre à la vocation qu'elle avait entendu au plus intime de son cœur : apporter la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ aux autochtones et soigner les personnes qui en avaient besoin. Déjà la traversée avait été l'occasion pour les membres de l'équipage de recourir à ses soins d'infirmière. Elle fut de la première équipe qui fonde Ville-Marie, y installe quelques maisons et défriche des terres. Dès les origines, en 1642, elle a été là pour accueillir, parler de Dieu et soigner les âmes et les corps. 

Toute sa vie, elle a été servante de ses sœurs et de ses frères. Supportée par une prière quotidienne et quelques lectures spirituelles, elle façonnait son cœur et son esprit pour devenir en même temps « Servante de Dieu ». Précisément, Jeanne Mance n'a jamais été membre d'une communauté religieuse. Elle a fondé l'hôpital que l'on nomme Hôtel-Dieu. Elle a vu aux premières constructions de cette résidence qui accueillait des malades, amérindiens ou français. En 1659, elle a accueilli les Religieuses Hospitalières de St-Joseph, qui venaient de La Flèche, là où la communauté avait été fondée en 1636 par Jérôme Le Royer de la Dauversière et Marie La Ferre. Désormais ses fragiles fondations allaient être consolidées et prendre leur envol avec toute une communauté. Des temps héroïques qui exigeaient l'exercice de vertus héroïques...

C'est ce que le pape François a reconnu en signant le décret de la reconnaissance de ses vertus héroïques, le samedi 8 novembre dernier. Quelle joie pour les gens d'ici de reconnaître la force d'âme et les valeurs spirituelles qui animaient une de nos fondatrices! Comme s'y était habituée Jeanne Mance, le son des tam-tams se répercutait vers les Religieuses Hospitalières de St-Joseph et jusque chez nos amis de Langres en ce samedi matin. Tout un réseau d'un tissu social bien particulier communiquait leur joie et laissait monter leur prière d'action de grâce.

Pourquoi une telle fierté? Parce que Jeanne Mance fut d'abord une femme de foi et de charité qui avait bâti sa vie sur le Rocher solide qu'est Dieu. Aussi parce que Jeanne Mance fut une femme de courageux services envers son prochain qu'elle accueillait avec respect et compassion. Si nous pouvons être fiers d'une de nos fondatrices, c'est avec fierté que nous avons appris l'acte de reconnaissance signé par le pape François.

Jeanne Mance est reconnue vénérable, c'est une étape. On parle d'une éventuelle béatification, puis de la canonisation. On répète que selon les normes, elle devra manifester son intercession par un miracle. Mais pas besoin d'attendre un miracle pour prier Dieu par l'intercession de Jeanne Mance! Nous pouvons aussi exprimer notre reconnaissance aux religieuses qui ont poussé le sillon de son œuvre de bienfaisance au cœur de cette ville devenue Montréal. Nous pouvons leur rendre visite en nous présentant au Musées des Hospitalières, sur l'avenue des Pins près de la rue St-Urbain. Nous pouvons nous arrêter à leur chapelle au bout de la rue de la Sainte-Famille et éventuellement célébrer le Sacrifice d'action de grâce avec elles.

Oui, l'œuvre de Jeanne Mance se perpétue jusqu'à nous grâce au charisme des Religieuses Hospitalières de St-Joseph.

Pour toutes ces raisons qui nous animent, nous rendons grâce à Dieu.    


+ Christian Lépine
Archevêque de Montréal