Montréal

Les travaux ne débuteront qu'en 2020 mais la ministre Hélène David estime déjà que la dernière phase du réaménagement de l'Oratoire Saint-Joseph fera de ce lieu un «joyau mondial».

«Notre communauté montréalaise et québécoise méritait un tel projet, un projet essentiel», a déclaré la députée d'Outremont après l'annonce, le lundi 4 juin 2018, des gagnants d'un concours d'architecture mené par l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. Le but de ce concours était d'ouvrir au public l'entre-dôme de la basilique, un endroit jusqu'ici inaccessible aux pèlerins et aux visiteurs, et de créer, tout en haut, un espace d'observation unique «avec la ville comme objet de contemplation».

C'est une équipe multidisciplinaire formée d'architectes (Atelier TAG et Architecture49), d'ingénieurs en bâtiments et en mécanique et de spécialistes en éclairage et en scénographie, qui a remporté ce concours lancé en décembre 2017. Dix-huit propositions de «très haute qualité» ont été reçues tandis qu'un comité a évalué durant deux journées les prestations de quatre groupes finalistes, a expliqué le président du jury, l'architecte et professeur à l'UQAM, Carlo Carbone.

«Le jury a perçu une sensibilité de la part des lauréats aux besoins de l'Oratoire Saint-Joseph qui s'est traduite par un respect des infrastructures existantes et une mise en valeur des lieux en toute simplicité», a-t-il ajouté.

Une quête d'ascension

Illustrations à l'appui, l'architecte Manon Asselin a expliqué que «l'expérience de l'Oratoire que l'on connaît va maintenant se diversifier» grâce au projet proposé par son équipe. «Comment poursuivre un élan si fort induit par la montagne et comment organiser et dévoiler des espaces inconnus au grand public?», se sont demandés les concepteurs. Leur réponse se trouve dans un parcours déambulatoire, entre la coupole intérieure et le dôme extérieur, vu «comme une expérience d'ascension».

«La conception du parcours capitalise sur cette quête d'ascension», ajoute l'architecte. Les visiteurs font d'abord, par un ascenseur, «une montée méditative vers le sommet». Par groupe restreint de dix-sept personnes, ils accèdent ensuite au lanternon, le plus haut point de vue sur Montréal, à 243 mètres au‐dessus du niveau du fleuve Saint‐Laurent.

«Regénéré de leur pèlerinage vers le sommet, les visiteurs redescendent dans l'entre-dôme et le découvrent sous un nouvel angle.» La descente, «plus posée, scénarisée et riche en contenus» les conduit ensuite vers le musée revitalisé de l'Oratoire qui pourra mettre en valeur sa collection de 30 000 objets et documents d'archives.

Un vaste projet

«Depuis plus de quinze ans, la direction de l'Oratoire travaille pour que ce lieu, tout en gardant son caractère et sa mission, puisse mieux répondre aux exigences de notre monde qui se transforme rapidement», a dit le père Claude Grou, le recteur de ce sanctuaire, avant de faire l'annonce des lauréats du concours d'architecture.

«Il fallait revoir nos voies d'accès, nos espaces publics et sacrés pour que les pèlerins et les visiteurs d'aujourd'hui et de demain puissent trouver un accueil digne de ce nom» dans ce sanctuaire imaginé et créé par le frère André.

«Nous arrivons aux dernières étapes de ce grand projet qui donnera à Montréal un lieu exceptionnel où la spiritualité, la culture et la beauté se rencontrent dans un cadre urbain», a ajouté le recteur.

L'annonce de la phase finale du grand projet de réaménagement de l'Oratoire Saint-Joseph, une initiative «disparue un moment des radars gouvernementaux» et que le gouvernement libéral «a fait renaître dès 2014», est une «journée historique dont on ne parlera pas suffisamment dans les médias», a déploré la députée et ministre Hélène David.

«C'est pourtant une journée historique dans la lignée du temps de l'Oratoire Saint-Joseph et du Québec, parce que l'Oratoire est intimement et inséparablement lié à l'histoire du Québec et de ses habitants.»

«Je suis honorée d'avoir fait partie de cette trame historique, à ma façon, quand on a remis le projet sur les rails. Nous sommes ici dans un lieu emblématique de l'histoire du Québec, un lieu des citoyens du Québec qui, avec leurs petits dons, ont cru au projet de frère André, un bâtisseur du Québec, un immense visionnaire», a-t-elle dit.

On estime que toutes les phases du projet d'aménagement de l'Oratoire coûteront près de 80 millions $. Les gouvernements du Québec et du Canada verseront 50 millions $ tandis que La Ville de Montréal a confirmé une contribution de 10 millions $.

La construction d'un nouveau pavillon d'accueil, le réaménagement paysager du terrain et la création d'une grande place multifonctionnelle extérieure piétonnisée font partie des projets des deux prochaines années. C'est en 2020 que débuteront les travaux dans l'entre-dôme et l'aménagement de «cette ascension du sol au ciel».