Montréal

L'archevêque Christian Lépine présidera une messe pour les défunts non réclamés le 16 septembre prochain à la cathédrale Marie-Reine du Monde, à 14 heures. Messe qui sera concélébrée par l'abbé Claude Paradis, l'ami des sans-abri en collaboration avec la direction et le personnel du Repos Saint-François d’Assise.

L’abbé Claude Paradis oeuvre comme prêtre à Notre-Dame-de la rue. En plus de s’occuper des itinérants en leur offrant une présence depuis plus de 30 ans, il accorde une importance toute particulière à célébrer la mémoire de ceux qui sont décédés dans l’année et qui n’ont pas été réclamés par leur famille. 

Morts d’overdose, une triste réalité 

La célébration prochaine prendra une couleur particulière en raison de la vague élevée de décès liés à des surdoses de drogue qui a touché de nombreux itinérants de Montréal: «Cet été, on a eu à peu près 50 overdoses de jeunes, alors on va plus parler de ça cette année», relate l’abbé Paradis. 

Selon le prêtre de la rue, cette hausse de mortalité chez les consommateurs de drogue a un lien très probable avec la crise de la covid : «La drogue ne traversant plus les frontières à cause du covid, alors les vendeurs coupaient la drogue avec le fentanyl pour qu’elle coûte moins cher et donc il y a eu beaucoup d’overdoses». Il explique que le fentanyl est une substance qui provoque non pas des arrêts cardiaques, mais respiratoires auprès des jeunes qui en consomment en trop grosse quantité.

Cette situation le «touche directement dans [son] ministère». Plusieurs fréquentaient Notre-Dame de la rue et font partie des défunts non réclamés dont la mémoire sera soulignée le 16 septembre. Ils ont tous un nom. 

Dans son travail, l’abbé Claude essaie lui-même de sensibiliser les personnes itinérantes qu’il rencontre aux risques de la prise de substances toxiques : «On leur parle, mais il y en a qui consomment pareil. Il faut être là pour eux, il faut être présent, ils ont besoin d’aide». 

Qu’est-ce qu’on peut faire pour eux? Ou plutôt avec eux…

On se sent souvent démunis devant une personne itinérante, ne sachant pas comment agir, quoi lui dire, etc. Questionné sur ce sujet, la réponse de l’abbé Paradis fuse spontanément : «Moi ce que j’essaye de faire c’est de l’emmener au restaurant. C’est rare que je donne de l’argent. Puis on essaye de savoir leur prénom. On essaye de les regarder, les voir, pas passer à côté d’eux sans les voir». 

«Il y a beaucoup de solitude, les gens sont laissés à eux-mêmes. Il y a beaucoup de rejet, les gens sont mis de côté», exprime Claude Paradis. Apporter une présence vient donc directement répondre à ce besoin premier qu’il a constaté avec le temps à force de côtoyer chacune de ces personnes : «Nous, c’est une présence d’Église, parce que je suis prêtre ». À ses yeux cela change quelque chose : «Ils savent que je suis prêtre alors ils m’en parlent, ils me parlent de Dieu». Tout ce beau monde c’est un peu la famille de l’abbé Paradis.

La célébration du 16 septembre sera également l’occasion de sensibiliser les gens à cette triste réalité des surdoses et de la consommation de drogue, tout en ramenant à l’essentiel du message évangélique: «Ils ont le droit à une dignité, peu importe ce qu’ils ont été, ils ont le droit qu’on souligne leur présence». 

Seront sur places plusieurs de leurs amis, affectés par tous ces évènements. Les personnes itinérantes sont souvent confrontées à la mort de leurs amis : «C’est sûr que ça les remet en question…Ils se disent bon ben, est-ce que c’est moi qui sera le prochain?», exprime l’abbé Paradis. 

Une période dure pour les gars de la rue

Avec la crise sanitaire de la Covid, Claude Paradis a constaté une baisse de bénévoles dans les refuges, créant un ralentissement immense. Plusieurs décès sont probablement liés à ce manque de ressources et à cet accroissement de la solitude. La célébration rendra aussi hommage aux itinérants touchés par cette période très dure.

Ce qui est sûr c’est que ça prend bien un abbé Paradis pour saluer et rendre hommage aux âmes des gars de la rue au Ciel. 

Tous sont invités à se joindre à la célébration. 

Quand? Mercredi 16 septembre 2020 à 14h
Où? Cathédrale Marie-Reine-du-Monde 

Cette messe sera également transmise à travers la page Youtube du Diocèse de Montréal.

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