Montréal

Après 6 mois de distanciation sociale et de travail sur le «front, sur le terrain, à chercher comment continuer de communiquer, rencontrer, être au service des gens», la communauté diocésaine s’est rassemblée pour un moment de retrouvailles sur zoom! Loin de baisser les bras devant les multiples défis qui se présentent, il faisait toutefois bon de pouvoir se retrouver ensemble pour partager les difficultés et les bons coups vécus et que chacun se sente entouré.

«Je rends grâce à Dieu de nous avoir gardé tous dans la mission, avec nos fragilités, nos limites. Il y a beaucoup d’inconnu encore, mais c’est déjà beaucoup d’avoir cette pleine conviction que nous sommes en mission ensemble, animés, portés par l’Esprit-Saint», a introduit Mgr Lépine en s’adressant à tous les responsables diocésains, pastoraux et ecclésiaux présents. «Comment cela se fera-t-il?», a-t-il lancé en évoquant les paroles de Marie à l’ange, désirant rappelé que Dieu marchait au côté de l’Église de Montréal, du monde entier et de tous les humains. 

L’enjeu de la soirée était, non seulement de se sentir moins seul, mais de faire le point sur la situation actuelle tout en présentant une relecture des évènements, mais aussi les grandes lignes de comment continuer à être en mission, malgré l’inconnu. 

Les 6 derniers mois en 9 minutes :

C’est à Father Raymond Lafontaine que revenait le mandant de résumer en 9 minutes la situation vécue dans les 6 derniers mois et tous les chamboulements liés à la pandémie de la covid-19, soulignant que l’Église de Montréal avait elle-même «pris la décision de fermer les églises dans le souci de la santé publique et du bien commun», avant même les directives gouvernementales. Il a abordé les durs problèmes financiers que les paroisses ont essuyés et qui, sans les aides gouvernementales, auraient causé la fermeture de plusieurs d’entre elles. Il a également évoqué les aînés durement touchés par cette crise. Father Raymond Lafontaine s’est aussi dit impressionné par les paroisses et missions qui ont vu cette «pandémie comme une occasion de faire autrement», pour communiquer et favoriser la communion autrement. 

Depuis juillet, une certaine impression de retour à la normale peut se faire sentir dans l’Église du Québec. «Mais c’est un piège», indique Raymond Lafontaine : «il n’y aura pas de retour en arrière, de reprise du buisness as usual. La pandémie nous invite à penser autrement, à faire équipe autrement, à vivre la communauté et la communion autrement». 

«Il faut désormais s’habituer à une autre pédagogie: celle d’une pastorale hybride ou les rencontres en chair et en os seront mises en complémentarité avec des approches digitales». 

Le Père Lafontaine a conclu en rappelant que l’Église n’est pas à part de la société et en encourageant à collaborer avec son milieu de vie, entre voisins, paroisses, milieux communautaires, avec les instances municipales et gouvernementales, etc.   

Pour lire le texte complet du Père Lafontaine, cliquez ici. 

«Je sais que Dieu est là» :

Mgr Lépine a offert une relecture spirituelle de ce temps de pandémie et d’incertitudes que traverse l’Église de Montréal et du monde dans les temps présents : «Comment voir le sens de ce que les gens sont en train de vivre et se faire proche d’eux sur le plan pastoral?», a-t-il questionné. La question n’est certes pas évidente, mais «un peu comme la pointe de l’iceberg, ce qu’on voit c’est très peu par rapport à ce qui se passe. Beaucoup de choses sont en train de se passer dans les cœurs». 

Exprimant cet inconnu, il a rappelé l’importance de s’accrocher à Jésus-Christ pour se laisser guider par Celui qui sait tout : «C’est un temps pour faire des efforts sans trop savoir à quoi ça va conduire, mais en restant les yeux fixés sur Jésus-Christ», a-t-il lancé. 

Le mot «présence» semblait être une clé à ses yeux pour continuer dans la mission : «Une des souffrances souvent exprimée est ce besoin d’être physiquement proche, d’un contact physique. Comment faire pour répondre à ce qui est si humain, ce besoin de présence? Comment faire pour être au service des personnes qui souffrent de solitudes, au service des pauvres? » De belles questions lancées à l’assemblée virtuellement présente.

Citant Carl Yung, il a nommé cette belle réalité qu’un croyant est invité à vivre : «C’est pas tellement que j’y crois, c’est que je sais que Dieu existe, qu’Il est là, disait Yung. Dieu est le seul qui est proche de tout le monde. Je sais qu’il a le pouvoir de faire de nous des instruments de sa présence et de son accompagnement. Il nous envoie accompagner».  

Les défis vécus et à venir

Tous ont pu partager en petit groupe leurs défis et ressentis, se séparant durant une vingtaine de minutes pour un temps d’échange. 

Mgr Alain Faubert a quant à lui tenter de refléter et de faire le point sur les nombreux défis rencontrés par l’Église catholique de Montréal et ceux qui l’attende encore : « Le premier grand défi, c’est de ne pas céder à la peur.  Avancer avec confiance, d’autant plus dans l’adversité qui nous le révèle. Nous ne sommes pas juste de simples employés cléricaux, je crois pas, nous sommes des disciples de la foi», a-t-il introduit. 

Il a par la suite dressé une liste en résumé, malgré la diversité de réalités rencontrées par les gens. 

En milieu pastoral :

  • Défis liturgiques : Comment répondre à toutes les demandes en attente de célébration des sacrements, des funérailles? Cela vient avec certains renoncements à vivre, par exemple les chants, la manière de communier. L’important est d’«être ensemble  dans cet accueil de la réalité».
  • Défi de discernement et de créativité : Pour le reprise ou non de certaines de nos activités notamment catéchétiques, «ça prend du discernement et de se concerter en équipe pastorale pour voir ce qu’on est capable de faire, les familles, les bénévoles, etc.». Mgr Faubert à nommé cette nouvelle réalité de pastorale hybride, évoquée par le père Raymond Lafontaine.
  • Défi de souplesse : La tentation de tout faire comme avant, mais en ligne est forte. Toutefois, «peut-être que non, il y a un moment d’appel du Seigneur de recul, de se dire, bon comment on peut faire pour surtout ne pas perdre de vue les personnes qui ont moins accès aux églises?» Il y a là un grand défi de sensibilité et d’attention, mais dans une grande souplesse «pour ne pas se mettre des tonnes de brique de pression».  
  • Défi de réalisme : «Savoir mettre les priorités au bon endroit, particulièrement au niveau financier, il ne faut pas se le cacher». 
  • Défi de mobilisation et de motivation : «Comment arriver à aider tout le monde, nos collaborateurs, nos bénévoles, à prendre au sérieux la réalité de la pandémie, mais sans céder à la panique. L’essentiel est d’avoir beaucoup de miséricorde là-dedans», car il y a beaucoup de nouveau.  

Au niveau de l’église diocésaine, s’accompagner les uns les autres est un défi de taille. Il s’agit de soutenir 190 paroisses, des congrégations religieuses, etc. Plusieurs points ont été soulevés par Mgr Faubert :

  • Défi d’une communication à tous les niveaux plus efficaces : Entre l’archevêché et les milieux, entre paroisses, entre les paroissiens. «Je dirais de manière multidirectionnelle, tout le monde envers tout le monde. Comment on arrive à mettre au milieu les bons mots?»
  • Défi de communion : Découlant du défi de communication, il s’agit de retrouver des liens de solidarité malgré des points de vue très différents sur la pandémie, sur comment agir, etc. «Comment rester ensemble?». 
  • Défis de ne pas perdre de vue le chantier diocésain de transformation missionnaire : «On était dans ce processus et on y est toujours. Moi j’ai la conviction que la pandémie n’arrête pas ça. Qu’elle nous libère au contraire, qu’elle nous permet de continuer. Patience, encore une fois miséricorde, mais le chantier fait son chemin et on ne va pas le laisser tomber. C’est un appel profond».

Sur le plan de l’Église du Québec, Mgr Faubert a également soulevé le grand défi de «prendre notre place dans une société, face à un gouvernement qui sait plus trop comment gérer le phénomène religieux, les groupes religieux et reconnaître les besoins spirituels de nos contemporains, notamment en ce qui a trait aux personnes plus vulnérables». Il soulignait particulièrement le soutien aux familles endeuillées, aux personnes malades, isolées. 

Des actions concrètes

«À la parole doivent se joindre des actions» a dit Mgr Faubert. Il a donné quelques actions entreprises à différents niveaux de la vie ecclésiale. Il y en a beaucoup et l’idée n’était pas de faire un tableau d’honneur, mais simplement d’inspirer chacun et chacune a «trouver le moyen de prendre part à ces initiatives» :

  1. Création d’un comité diocésain de déconfinement qui se tient à jour dans les directives.
  2. Le service aux fabriques est devenu d’autant plus proactif durant la pandémie et s’organise de plus en plus pour informer celles-ci sur toutes sortes de questions financières.
  3. Communication plus proactive remarquée
  4. Des assouplissements dans les paroisses, par exemple un décret permettant aux curés de célébrer les confirmations. 

D’autres initiatives sont à venir : 

  1. Webinaire du service aux fabriques pour parler des outils numériques pour la survie et la prospérité des fabriques. 
  2. Webinaire à l’automne par le comité diocésain de déconfinement pour éclairer sur comment organiser les célébrations avec le froid ne permettant plus les rassemblements au grand air. 
  3. Plusieurs formations sont données sur la pastorale hybride, pour réfléchir sur comment accompagner les plus jeunes et toute la communauté dans cette nouvelle manière de faire.
  4. Pour honorer le défi d’être ensemble en mission, des rendez-vous de ressourcement et de réflexions sont prévus cet automne et tout le long de l’année pour nous aider à entrer dans la spiritualité missionnaire qui fait partie des objectifs du chantier diocésain. 
  5. Entrer dans la collaboration entre milieux paroissiaux d’un même quartier, pour chacun des quartiers de chacune des villes du diocèse de Montréal. 

«Ce n’est pas le coronavirus qui nous détourne fondamentalement de notre désir ou de notre engagement à devenir cette église davantage missionnaire, proche des gens[…] La pandémie nous emmène curieusement à avoir plus de détermination, à faire les choses différemment, peut-être avec plus de liberté, à reprendre courage, à nous soutenir les uns, les autres, même si ça nous a ralentis certainement» a exprimé Mgr Faubert. Il a conclu avec confiance : «Ma conviction : le Seigneur agit mystérieusement au cœur de nos faiblesses. «C’est lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort», dit Saint-Paul». 

Ces retrouvailles diocésaines se sont terminées par la bénédiction de l’archevêque, Mgr Lépine. 


Pour visualiser un récapitulatif des retrouvailles diocésaines 2020, cliquez ici.