Montréal

Nous vous présentons quelques témoignages recueillis suite à la rencontre fraternelle du 6 avril dernier entre l'Archevêque et plus d’une vingtaine de familles réfugiées.

Lia a fui l'Érythrée en pleine nuit. Elle a réussi, grâce à des passeurs, à traverser la frontière du Soudan pour trouver refuge dans la capitale, Khartoum. De là, elle s'est rendue en Égypte.

- Où alliez-vous, comme ça?
- En Israël, répond Issak Woldu, son parrain et son traducteur pour l'occasion, lui aussi réfugié de l'Érythrée, il y a de ça plusieurs années.
- Pourquoi Israël?
- Là-bas, il y a du travail pour tout le monde, et ils ne nous embêtent pas avec des permis de travail.  

Lia a marché 9 heures dans le désert du Sinaï pour enfin aboutir à Tel-Aviv. Elle n'était pas la seule érythréenne là-bas! C'est là qu'elle a rencontré Yohannes, l'homme qui est devenu son mari. Tous les deux ont réussi à s'inscrire comme réfugiés. Ils sont arrivés à Montréal le 20 mars dernier.

- Mais ça ne fait que deux semaines! »
- ... Eh oui..., soupir Issak.

Les yeux de Lia brillent encore plus. Elle sourit timidement. Grande, belle, mais frêle, on lui demande comment elle a fait pour survivre à tout ça. Issak traduit la question... Et Lia, en guise de réponse, pointe le Ciel du doigt.

Basam Beroutic est arrivé de Syrie en avril 2016 avec sa femme Gada et leurs deux fils, Sami, 16 ans et Fadi, 13 ans. Gada parle très bien français, elle le parlait déjà à Alep, là où ils habitaient. Gada avait sa propre clinique dentaire, Basam était comptable. Un matin, une bombe a fait sauter leur maison, leur clinique. Du jour au lendemain, ils n'avaient plus rien.

- Personne n'est mort?
- Oui... j'ai vu ma sœur, par terre, la gorge tranchée... »

Basam ne parle plus.

- Qu'avez-vous vu, Basam?
- Tout... J'ai tout vu... Sorry... pas de mot, balbutie-t-il.

Danie, une des nombreuses bénévoles, était venu dire au micro quelques minutes auparavant, que ce n'était même pas par devoir qu'elle avait décidé d'accueillir des réfugiés : « Nous n'avons pas accueilli des familles réfugiées parce qu'on nous a dit qu'il fallait le faire, ou bien parce que, comme chrétien, nous nous sentions obligés de le faire; c'était plus que ça - c'était un appel qui venait du plus profond de notre cœur. »

Fadi, voudrais-tu retourner chez toi, à Alep, quand la guerre sera finie?

« Ici, on est si bien. Je ne veux plus jamais retourner là-bas. C'est ici, maintenant, chez moi. La guerre, en Syrie, si elle se termine l'année prochaine, eh bien, elle recommencera dans 30 ans, ou 40 ans... Elle ne finit jamais. »