Montréal

En la fête de Notre-Dame de Lourdes, le 11 février, voici la treizième lettre pastorale de l'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine.

L’appel de Jésus à visiter les malades traverse l’histoire de l’Église et touche toutes les époques : « j'étais malade et vous m'avez visité » (Mt 25, 36).

Des femmes et des hommes consacrent leur vie à prendre soin des malades. Des communautés religieuses, des institutions publiques ou privées, des organismes communautaires ont comme raison d’être le soin des malades. Des membres d’une famille ou des amis deviennent des aidants naturels ou donnent de leur temps pour accompagner une personne proche.

Pendant la pandémie que nous traversons, un des aspects les plus douloureux est la très grande difficulté, et souvent l’impossibilité, d’accompagner une personne malade dans notre famille. Ce qu’il y a de plus naturel, visiter, écouter et réconforter, s’est avéré souvent irréalisable. Ce que l’on voulait faire à tout prix, simplement être présent pendant les derniers jours ou les dernières heures est devenu un geste impraticable alors que notre père, notre mère, notre frère, notre sœur, devenait inaccessible.

Nous avons voulu visiter les malades de nos familles mais nous n’avons pas pu. Nous avons voulu visiter les malades dans les diverses institutions et à domicile, mais nous n’avons pas pu.

Nous avons recouru à la prière et nous prions toujours. Nous demandons à Dieu d’aller à la rencontre de nos êtres proches et de leur apporter sa paix. Faisant l’expérience de nos limites nous demandons ardemment à Jésus-Christ de visiter lui-même nos malades et tous les malades, sachant que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu, que rien ne peut empêcher Jésus-Christ de se rendre jusqu’au cœur de la personne malade et de lui communiquer sa douce lumière.

Nous avons soutenu et nous soutenons toutes les personnes œuvrant dans le monde de la santé. Ces femmes et ces hommes qui se dévouent sans compter depuis près d’un an, au risque de leur santé et de leur vie, dans la fatigue et devant l’inconnu. Nous prions pour elles et pour eux et pour leurs familles respectives qui partagent cette épreuve.

Nous cherchons de multiples façons à communiquer avec nos malades, selon ce qui est possible : téléphone, visioconférence, lettre, visite avec les protections nécessaires, demande d’un prêtre pour l’onction des malades.

Nous sommes renvoyés à notre fragilité et à notre mortalité. Peut-être pourrions-nous réapprendre à nous tourner vers l’auteur de la vie : Dieu. Comme individu et comme communauté, comme famille, comme Peuple de Dieu et comme société, sortir de l’oubli de Dieu, nous retourner vers Dieu et nous tenir en présence de Dieu.

Voulons-nous remettre toute notre vie à Dieu : notre soif d’amour et de bonheur, nos joies et nos peines, nos projets et nos rêves, nos succès et nos échecs, nos péchés et nos souffrances, nos solitudes et nos proches, nos maladies et notre mort, nos malades et les malades, les personnes décédées et leurs familles ?

 

† Christian Lépine
   Archevêque de Montréal