Montréal

Une cinquantaine de personnes se sont réunies le 14 septembre dernier au cimetière le Repos St-François d’Assise (RSFA) à Montréal pour célébrer une messe à l’intention des 1162 défunts non réclamés depuis les sept dernières années.

Ces défunts sont, pour la plupart, des jeunes de la rue mort de surdose de drogue, des prostituées, des itinérants, des cas psychiatriques, des personnes assassinées ou encore des vieillards seuls et sans famille.

« Juste pour le mois d'août cette année, nous arrivons à près de 100 personnes. C'est un phénomène grandissant. À chaque année, il y en a un peu plus, affirme, ému, Richard Prenevost, directeur du RSFA depuis 2003.

Un jour de 2008, il a appelé l'Archevêché de Montréal et a demandé à son évêque - qui était alors Mgr Jean-Claude Turcotte - ce qu'ils pourraient faire pour toutes ces personnes qui n'ont pas de sépulture. L'Archevêché, co-propriétaire du Repos avec la paroisse RSFA, et qui siège sur le conseil d'administration, a décidé d'agir.

Les corps des défunts des tous les salons funéraires de Montréal et de la grande région métropolitaine ont été rapatriés au RSFA et continue de l'être année après année. C'est le gouvernement du Québec qui défraie les coûts de transport, mais toutes les autres dépenses (congélation, entreposage, incinération, inhumation, administration) sont assumées par l'Archevêché de Montréal et la paroisse Saint-François d'Assise.

« C'est la mission du Repos Saint-François : accueillir tous les démunis, comme le faisait saint François, de dire M. Prenevost. Mourir seul, sur le trottoir, dans la rue ; ils ont droit au moins, il nous semblait, à une sépulture digne. Ils sont les plus pauvres des pauvres, comme le disait Mère Térésa. »

D'ailleurs, pour marquer l'endroit des défunts non réclamés, le FSFA a choisi d'ériger un monument à la mémoire de Mère Térésa. « Pour l'instant, ce n'est qu'un espace vert, mais d'ici l'an prochain, on pourra s'y asseoir, s'y recueillir et prier pour tous les défunts non réclamés, mais aussi pour toute personne disparue et dont on n'a jamais retrouvé le corps.

En ce matin venteux et pluvieux, une messe fut célébrée sur l'emplacement même, là où sont enterrées les 1162 personnes. L'abbé Claude Paradis, prêtre de la rue et responsable de Notre-Dame de la rue, présidait l'assemblée à la demande de M. Prenevost. Les employés du RSFA avaient été invités par leur directeur pour venir y assister, et ils étaient nombreux. Une famille avec deux jeunes enfants était présente également : « Mon oncle est enterré ici. Nous l'avons su il y a quelque temps... on n'a pas de famille», de dire la jeune mère. Grâce à un système de classification sophistiqué, une famille qui retrouverait un de ses membres ici pourrait faire transférer son urne pour qu'il repose avec le reste de sa famille dans un autre cimetière. 

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