Montréal

Ce mercredi 5 février 2020 a été rendu public le message pastoral de Mgr Christian Lépine pour la 28e Journée mondiale du malade.

« Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » (Mt 11, 28)


Cher Peuple de Dieu à Montréal

La Journée mondiale du malade constitue une occasion de réfléchir à la vie, la souffrance et la mort. En nous unissant à Jésus dans sa passion, nous découvrons la puissance de sa proximité. Dans ce sens, sur le visage de chaque être humain, encore davantage s’il est éprouvé et défiguré par la maladie, brille le visage du Christ.  

Quand je rencontre des personnes malades, je les encourage à faire de cette épreuve une occasion de croissance humaine et chrétienne et de rencontre avec le Seigneur.  Lorsqu’on offre sa souffrance à Jésus crucifié, on participe à sa Croix et à sa Résurrection, à son Amour qui aime jusqu’à l’extrême de l’amour et à la Puissance de sa douceur qui console et fortifie l’âme. C’est un chemin qui conduit à s’ouvrir au don de sa Paix et qui permet de traverser la maladie en gardant notre cœur attentif, plein de générosité et vigilant aux autres.  

 Dans la maladie, Dieu continue d’être présent et à l’œuvre en nous et à travers nous, mais Il se manifeste également à travers la famille, le personnel médical et les personnes qui nous accompagnent avec générosité. Quand on sait se faire présent, écouter et accompagner les personnes en fin de vie; quand on chemine avec elles jusqu’à la mort naturelle; quand on les aide à soulager leurs souffrances, à apprivoiser leurs peurs, on leur rend leur dignité. On leur permet ainsi d’aller jusqu’au bout de leur parcours et de poser leur dernier acte de liberté, celui de quitter la vie en ce monde en aimant jusqu’au bout, en s’en remettant entre les mains de Dieu et en pardonnant, en offrant sa vie à Dieu pour leurs familles et pour les autres.  Nous devenons alors le visage de Dieu, le visage aimant qui permet à la personne malade de se familiariser à Sa présence.

Si une personne souffrante dit : « J’ai mal, je n’en peux plus, je veux mourir », cela nous bouleverse, mais on peut entendre : « J’ai besoin d’aide », « J’ai besoin de présence ». Même lorsque les soins de guérison ne sont plus possibles, nous sommes appelés à croire au pouvoir de notre présence et des soins de confort. Les familles, les personnes immédiatement concernées et la société tout entière sont appelées à aider cette personne à vivre jusqu’au bout. Il faut donc soutenir cette personne, reconnaître son inhérente dignité et cheminer avec elle. Ce soutien se manifeste par la présence et l’écoute, pour que les personnes qui souffrent ne soient ni seules, ni abandonnées.

Il faut encourager les soins palliatifs puisqu’ils valorisent la personne et la famille en offrant un environnement humain et spirituel qui facilite le pardon et la réconciliation, qui accueille la peine en ouvrant à la paix et à l’espérance. Jésus est mort en priant et en aimant. Les soins palliatifs, même lorsque la conscience de la personne malade est difficile à rejoindre, offrent un espace de sens à la mort qui devient un acte de don et d’abandon, un temps de passage à la vie éternelle. 

Aider à mourir, c’est accompagner jusqu’à la mort naturelle. Devancer la mort, ce n’est pas aider à mourir, c’est faire mourir. Faire mourir quelqu’un qui le demanderait, ce n’est pas respecter sa liberté, c’est supprimer sa liberté en le supprimant.

Comme je l’ai indiqué dans un texte publié en 2014 : « Lorsqu’on décide qu’il existe des raisons pour lesquelles il est justifié de mettre fin à la vie, on pose un geste dangereux » pour les personnes malades, pour les familles et pour la société. Sur le plan de la société, nous voyons déjà l’élargissement des raisons ouvrant la porte à l’aide médicale à mourir. « Nous aimons les personnes vulnérables, et un jour chacun de nous sera vulnérable. Il est important que nous sachions tous que notre famille et la société ne devanceront pas notre mort, mais seront là pour nous soutenir jusqu'à la fin. » (2014)*

Le moment de la mort est un moment où on peut s’en remettre totalement à Dieu et à sa Miséricorde : remettre sa vie et sa mémoire, ses faiblesses et ses péchés, sa soif d’amour et ses échecs, sa soif de bonheur et ses craintes. Le moment le plus puissant de la vie de Jésus a été atteint alors qu’Il est mort sur La Croix et que, dans la force de l’Esprit, Il a fait de Sa vie une offrande à son Père et notre Père, en notre nom, pour toute l’humanité. La maladie, l’angoisse, la souffrance et la mort, par la grâce de Jésus, peuvent devenir des chemins de l’amour, des moments où on se donne en totalité à notre Créateur. Au travers d’une personne en fin de vie, on touche à l’éternité.
      
Demandons au Seigneur Jésus-Christ le don de croire en Sa présence dans ces moments de maladie. Demandons au Seigneur Jésus-Christ de nous assister pour protéger la vie et accompagner les vivants, dans le respect de la dignité inhérente à chaque homme et chaque femme.
       
En la journée mondiale du malade (11 février), je demande au Père Tout-Puissant et riche en Miséricorde, de vous bénir et de vous combler, vous, vos familles et vos communautés, de la Paix de Jésus-Christ dans la joie de l’Esprit-Saint.
 



† Christian Lépine
   Archevêque de Montréal
 

p.s. Selon leur discernement, j’invite les prêtres à lire ce message à la fin de chaque messe de ce dimanche en vue de la journée mondiale du malade.


* Dans un texte publié dans les quotidiens de la Métropole, l'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, lançait un appel à la conscience au moment où les députés vont voter sur le projet de loi 52.  Voici le lien.