Montréal

L’Archidiocèse de Montréal adresse une forte réprimande au gouvernement fédéral au sujet de la fermeture mise en vigueur dès le 25 mars dernier du chemin Roxham, point d’entrée « irrégulier » situé à la frontière entre le Québec et l’état de New York et qui est le passage le plus utilisé par des demandeurs et des demandeuses d’asile. 

Source - par Anna Farrow - 12 avril 2023 - Traduction par l’Archidiocèse de Montréal

Dans une déclaration émise le 27 mars dernier sur le site Web diocésain, l’Archidiocèse juge que la décision est « une erreur » qui a pour but de « criminaliser les demandeu·rs·ses d’asile qui cherchent à protéger leur vie et celles de leur famille », ainsi que de « suspendre le droit inaliénable à l’asile ». 

Le 4 avril, la Journée des droits des réfugiés, les membres du centre Le Pont, organisme géré par l’Archidiocèse, ont participé à une manifestation devant les bureaux de circonscription montréalais du Premier Ministre Justin Trudeau. 

L’organisme Le Pont, en collaboration avec 11 différents groupes fournisseurs d’aide aux réfugiés, y compris le Service Jésuite des Réfugiés du Canada, a organisé cet événement dans le but de protester contre l’extension de l’Entente des tiers pays sûrs jusqu’à englober la frontière en entier. Un communiqué de presse distribué par le Service des communications de l’Archidiocèse de Montréal évoque l’inquiétude partagée par les organisateurs en soulignant à quel point « les conséquences humanitaires, sociales et sanitaires seront désastreuses ». 

Conclue entre le Canada et les États-Unis en 2002, l’Entente des tiers pays sûrs stipule que les réfugiés.es demandeu.rs.ses d’asile doivent déposer une demande d’asile dans celui des deux pays qu’ils atteignent en premier. Tout.e demandeur.se d’asile se présentant à un passage frontalier officiel terrestre sera renvoyé.e. 

Le chemin Roxham, qui s’étend sur une distance de huit kilomètres entre les villes frontalières de Champlain dans l’état de New York et de Saint-Bernard-de-Lacolle au Québec, n’est pas un passage frontalier officiel. Cependant, cette route constituait, jusqu’à sa fermeture, un vide juridique à l’Entente sur les tiers pays sûrs. Les agents canadiens qui rencontraient des demandeurs.ses d’asile aux environs du passage non officiel n’étaient pas obligés de renvoyer ces derniers.ères. 

Au moment de la ratification, il a été entendu que l’Entente sur les tiers pays sûrs avait été proposée par le Canada afin d’empêcher le phénomène d’« asylum shopping » et d’éliminer la pression exercée sur les services de contrôle des frontières et de l'immigration canadiens, au cas où les États-Unis auraient acquis la réputation d’être une simple route de transit vers le Canada. 

À la suite de la mise en vigueur en 2004 de l’Entente sur les tiers pays sûrs, les demandes d’asile ont commencé à baisser, mais l’évolution du climat politique aux États-Unis survenue en 2015 a mené à l’utilisation plus fréquente du chemin Roxham comme point d’entrée pour les demandeurs.ses d’asile. 

Le 27 janvier 2017, le président de l’époque, Donald Trump, a publié un décret-loi interdisant aux citoyens.nes provenant de plusieurs pays majoritairement musulmans, incluant la Syrie et l’Iran, d’entrer aux États-Unis. Au lendemain de la promulgation du décret-loi, le premier ministre Justin Trudeau a adressé un tweet à ceux et à celles fuyant la persécution, la terreur et la guerre, leur assurant que les canadiens les accueilleraient sans égard de leur confession, ajoutant le mot : « la diversité fait notre force », suivi du hashtag « #WelcomeToCanada ». 

Le nombre de demandeurs.ses d’asile entrant au Québec par le chemin Roxham a fait un bond. En 2017, 18 000 réfugiés sont entrés au Canada à Lacolle. Cette nouvelle vague de réfugiés arrive au moment où l’Opération visant les réfugiés syriens, initiative du gouvernement fédéral avec pour but ambitieux d’accueillir 25 000 réfugiés syriens dans 100 jours. 

L’Archidiocèse de Montréal a établi une réputation d’accueil et d’engagement envers les demandeurs.ses d’asile. Pendant l’Opération visant les réfugiés syriens, l’Archidiocèse a nommé Mme Alessandra Santopadre au poste de coordonnatrice du Programme des réfugiés parrainés. Grâce à un appel spécial de l’Archevêque Christian Lépine, la somme de 140 000 $ a été collectée afin de soutenir les réfugiés syriens arrivés à Montréal et Mme Santopadre signale qu’une quinzaine de paroisses s’étaient engagées à parrainer une ou plusieurs familles syriennes. 

En octobre 2017, deux mois après que le Stade olympique avait été équipé pour héberger les réfugiés, l’Archidiocèse a réagi à la crise frontalière avec sa propre initiative. Chez Le Pont, ainsi qu’au presbytère inoccupé d’une paroisse située dans l’est de Montréal, des espaces ont été trouvés pour héberger, à court terme, des demandeuses de statut de réfugiée. 

Directeur du Pont, M. Arthur Rieux sert de personne-contact pour l’Archidiocèse au sujet de la fermeture du chemin Roxham.