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Dans son message publié le 27 janvier à l'approche de la Journée mondiale des Communications sociales 2019, le Pape développe les liens d’union et de désunion de la communauté humaine lorsqu’elle est présente sur les communautés virtuelles.

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Communications sociales: « Un réseau n’est pas fait pour piéger, mais libérer »

Dans ce message annuel qui définit la vision du Saint-Siège en communication depuis Vatican II, le Pape François invite à réfléchir avant tout, anthropologiquement et philosophiquement à notre « être-en-relation » sur Internet et les réseaux sociaux, dont il estime que l'Église a toujours cherché à promouvoir l’utilisation « au service de la rencontre et de la solidarité », le désir de l'homme étant par essence « de ne pas rester dans sa solitude ».

Source de connaissances et de risques

Le pape François détaille ainsi sa vision du numérique en ce jour de la saint François de Sales, saint patron des journalistes, en vue de la Journée mondiale des Communications sociales du 2 juin prochain, dont le thème est «Nous sommes membres les uns des autres » (Ép. 4,25).

«Si le numérique représente une source de connaissances et de relations naguère impensables, les experts se multiplient pour pointer les risques de ces profondes transformations technologiques sur la recherche et le partage d’une information authentique à l’échelle du monde».

Les écueils de la désinformation, de la manipulation et du discrédit

« Internet représente une possibilité extraordinaire d'accès au savoir, mais il s'est avéré qu’il est aussi l'un des lieux les plus exposés à la désinformation et à la distorsion consciente et ciblée des faits et des relations humaines, qui souvent prennent la forme de discrédit », s’inquiète ainsi le Souverain pontife.

D’un côté, le Pape reconnait la part de rencontres et d’entraide née sur ces réseaux, de l’autre il dénonce sans faille « la manipulation de données personnelles à visées politiques ou économiques », de même que le cyber-harcèlement. Il souhaite donc réfléchir sur cette métaphore « du réseau » aux origines d’Internet.

La métaphore du réseau et de la communauté

« L’image du réseau nous invite à réfléchir sur la multiplicité des parcours et des nœuds qui en assurent la solidité, en l'absence d'un centre, d'une structure hiérarchique, d'une organisation de type vertical. Le réseau fonctionne grâce à la coparticipation de tous les éléments », énonce de prime abord François.

Ainsi ramenée à la dimension anthropologique, la métaphore du réseau rappelle une autre figure riche de significations: celle de la « communauté », souligne le Pape argentin. « Une communauté est d'autant plus forte qu'elle est cohésive et solidaire, animée par la confiance si elle est basée sur l'utilisation responsable du langage ».

Un agrégat d’individus

Dans le contexte actuel, il apparait évident que « la communauté des réseaux sociaux n'est pas automatiquement synonyme de communauté humaine ». « Dans le meilleur des cas, les communautés sur les réseaux réussissent à montrer cohésion et solidarité, mais elles ne restent souvent que des agrégats d’individus qui se reconnaissent autour d'intérêts ou d'arguments caractérisés par des liens faibles», renchérit-il, critiquant le principe « d’opposition » qui régit souvent les rapports entre des groupes, en ligne.

« On se définit à partir de ce qui divise plutôt que de ce qui unit, laissant cours à la suspicion et à l'explosion de toute sorte de préjugés (ethniques, sexuels, religieux et autres) », argumente François.

Le Web, toile d’araignée

Cette tendance alimente un individualisme effréné qui finit parfois par fomenter des spirales de haine. Et ce qui devrait être une fenêtre sur le monde devient ainsi une vitrine dans laquelle exhiber le propre narcissisme, déplore alors le Pape.

« Le réseau est une occasion pour promouvoir la rencontre avec les autres, mais il peut également renforcer notre isolement, telle une toile d’araignée susceptible de piéger », ajoute-t-il. World Wide Web ne signifiant rien de moins littéralement qu’« une grande toile d’araignée mondiale ».

Les failles relationnelles

Les enfants, en particulier, se trouvent les plus exposés à l'illusion que les réseaux sociaux puisse pleinement les satisfaire au plan relationnel, jusqu'au phénomène dangereux de jeunes « ermites sociaux » qui courent le risque de se rendre complètement étranger à la société, explique le Pape.

Une dynamique, qui révèle une faille sérieuse dans le tissu relationnel de la société, une lacération que nous ne pouvons ignorer, selon François, pour qui cette réalité virtuelle insidieuse pose des questions de caractère éthique, sociale, juridique, politique, économique, à l'Église.

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