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Voyages en Europe, recrutement et fondations de communautés religieuses

Texte

Le diocèse que Mgr Bourget prend en charge est une Église démunie, sans ressources en personnel, sans moyens financiers. Mgr Bourget se consacre à lui donner les équipements, les structures qui lui manquent. C'est le sens de ces voyages en Europe - sept, d'une durée variable - qu'il entreprend dès la deuxième année de son épiscopat comme évêque de Montréal.
 

  • En 1841 (mai - décembre). À la recherche de prêtres, de religieux et de religieuses, Mgr Bourget va à Paris, Chartres, Lyon, Marseille, Rome, Le Mans, Angers.

  • En 1846-47 (septembre à mai). Pour le même motif, il se rend à Marseille, en Angleterre, en Irlande.

  • En 1854-56 (octobre '54 - juillet '56). Le plus long voyage. Il est présent à Rome pour la proclamation par Pie IX du dogme de l'Immaculée-Conception.

  • En 1862 (Été), à Rome.

  • En 1864-65 (décembre à juin). À Rome, pour y traiter de la division de la paroisse Notre-Dame. Rome l'autorise à ériger dans le territoire de Montréal autant de paroisses qu'il sera nécessaire. Il aborde aussi le sujet de l'Université de Montréal en projet.

  • En 1869-70 (janvier '69 - août '70). À Paris et à Rome. Il assiste, à Rome, à l'ouverture du Concile Vatican I, le 8 décembre 1869. Ce Concile se clôturera le 18 juillet 1870 par la proclamation du dogme de l'infaillibilité pontificale.

  • En 1881 (août - octobre). À Rome pendant sa retraite, il tient encore à intervenir pour la cause de l'Université de Montréal. La Propagande décide qu'il y aura une seule université catholique au Québec; Montréal sera une succursale de Laval.
     

Parmi les conséquences de ses voyages, la plus heureuse est certainement la venue de plusieurs communautés religieuses (d'hommes, de femmes) ou d'ordres religieux qui ont enrichi notre Église diocésaine et toute notre société. Nommons simplement, selon l'ordre de leur arrivée au pays :
 

  • les Oblats de Marie-Immaculée (1841),

  • les Jésuites (1842),

  • les Dames du Sacré-Cœur (1844),

  • les Pères, les Frères, les Sœurs de Sainte-Croix (1847),

  • les Clercs de Saint-Viateur (1847),

  • les Frères de la Charité, de Belgique (1864),

  • les Carmélites (1875),

  • les Pères blancs d'Afrique (1875).
     

Simultanément, surgissent dans le diocèse même, comme une floraison heureuse répondant aux besoins du temps, quatre communautés religieuses féminines, suscitées par quatre femmes inspirées par l'Esprit et que Mgr Bourget soutiendra, guidera. Elles œuvreront dans le champ de l'éducation, de la santé, de l'assistance sociale, au service de l'Église et de la société :
 

  • les Sœurs de la Providence, avec Émilie Gamelin (1843),

  • les Sœurs des SS NN de Jésus et de Marie, avec Eulalie Durocher (1843),

  • les Sœurs de Miséricorde, avec Rosalie Cadron-Jetté (1848),

  • les Sœurs de Ste-Anne, avec Esther Blondin (1848).
     

Dans le diocèse sont en service depuis longtemps :
 

  • les Religieuses hospitalières de Saint-Joseph (1636),

  • les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame (1658),

  • les Sœurs de la Charité de Montréal (Sœurs grises) (1737).
     

Sous l'épiscopat de Mgr Bourget et grâce à sa vision et à son action multiforme, le diocèse de Montréal s'est donné ou plutôt a reçu des institutions valeureuses qui ont été autant de bras mis au service du Seigneur et de la communauté chrétienne et humaine de Montréal et de la région. Un équipement, en somme, qui lui permettra d'accomplir sa mission.

Permettons-nous ici deux observations. La première : à l'heure de l'an 2000, les communautés religieuses n'ont certes plus la présence et la vitalité qu'elles ont connues hier, mais elles ont su diversifier leur engagement et poursuivre leur service avec une charité admirable, à travers le bénévolat et l'extrême générosité avec laquelle elles subventionnent de leurs dons une foule d'initiatives ou d'entreprises humanitaires qui s'inscrivent dans leurs objectifs fondamentaux. La deuxième, c'est qu'il faudra bien un jour nous défaire de ce cliché qui qualifie encore de « monopole » leur présence d'hier dans le domaine hospitalier, éducationnel, social. D'abord, parce que le monopole est un terme du marché qui évoque une domination exclusive; or l'œuvre des communautés religieuses n'a rien à voir avec le monde du marché, ni avec quelque domination exclusive. Elle s'est exercée pour couvrir des champs d'action que ni la société civile, ni les pouvoirs publics du temps n'étaient en mesure d'assumer. Elle n'a éliminé personne. Et plus qu'une tâche de suppléance, elle s'est généreusement portée à l'aide de femmes, d'hommes, d'enfants dans le besoin : c'est le sens même de la charité chrétienne vécue.