Montréal

Tout comme leur mission qu'elles mènent en toute discrétion, ici et là, les Sœurs du Bon-Pasteur viennent de fêter 175 ans de présence au Canada. Retour sur des femmes qui agissent dans l'ombre auprès d'autres femmes.

Le 7 juin 1844, quatre sœurs de la Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur débarquent à Montréal, répondant ainsi à la demande insistante de Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal. On les a appelées pour venir en aide aux femmes et aux enfants en difficulté. Au gré du temps et des appels, des monastères du Bon-Pasteur s’établiront en Ontario, au Manitoba, en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.

Amour miséricordieux et réconciliation

Le point de départ de la Congrégation réside dans la passion qu’ont eu saint Jean Eudes et sainte Marie-Euphrasie Pelletier, les fondateurs, de révéler au monde entier le grand Amour de Dieu pour nous, en paroles et en actions concrètes. Une des caractéristiques de la Congrégation est ainsi la possibilité d’offrir à ses membres de vivre leur engagement par une vie apostolique ou contemplative.

Les Sœurs du Bon-Pasteur sont animées par un charisme d’amour miséricordieux et appelées à une mission de réconciliation.

À Montréal, cet amour miséricordieux se manifeste au quotidien dans le service de soutien aux nouveaux immigrants, « dans notre façon de nous approcher des personnes, de les remettre debout, de les aider à retrouver la joie, de les accompagner comme le Bon Pasteur dans l'Évangile », explique Sœur Rita Bou Abboud.

Pour Sœur Noha Mykadi, la mission de réconciliation se vit dans « l'aide que nous apportons à chacun à retrouver la paix avec soi-même, avec sa famille : rien n'est possible sans cela ».

Un charisme au service de l'intégration des femmes

Dans une petite maison d'Ahuntsic, discrète, proprette et accueillante, les Sœurs Rita et Noha ont accueilli depuis le début de l'année plus de 15 femmes réfugiées. Avec leurs partenaires de mission, elles les accompagnent dans leur démarche d’installation et d’intégration dans leur nouveau milieu. « Nous sommes leur boussole, leur parole », raconte Sœur Rita à propos de ces femmes qui ne savent pas comment s’occuper de leurs papiers, qui ne parlent souvent qu'arabe et qui n'ont rien.

Trois chambres sont ainsi mises à la disposition de femmes en attente de trouver un logement. Les repas sont offerts, ainsi que des soirées, des cafés-rencontres, des après-midi cuisine et des cours de francisation. Les sœurs restent sans cesse à l'écoute de chacun pour monter des projets adaptés. En reprenant les mots de sainte Marie-Euphrasie, « une personne vaut plus qu’un monde », Soeur Aline, supérieure provinciale, explique : « Nous sommes là avec les personnes, pour elles, et pas seulement parce qu'elles sont réfugiées. Ici, les gens trouvent une maison accueillante et une nouvelle famille ».

Quarante-neuf autres sœurs sont présentes au Québec. Nombreuses sont celles qui du fait de leur âge sont désormais actives par la prière. D'autres restent cependant en mission : ici pour accueillir les personnes en recherche de silence et d’intériorité, là-bas auprès de la Nation Atikamekw, là en prison ou en paroisse, une autre pour collecter des fonds. « Nous devenons de plus en plus jeunes de cœur et notre sérénité est en croissance constante, de même que notre créativité pour demeurer en mission », précise Sœur Aline en souriant.

Discrètes dans leur mission, elles l'ont tout aussi été pour fêter leur 175ème anniversaire. Elles ont toutes été ainsi appelées à une grande célébration « intérieure » toute en douceur et en intériorité, au cours de laquelle elles ont pu prier et réfléchir à des thèmes variés. Un magnifique concours de circonstances leur a fait, cependant, don d’un « événement-cadeau ». Après avoir effectué une résidence de trois mois à la Chapelle historique du Bon-Pasteur (sur Sherbrooke), l'artiste Horta Van Hoye a tenu à leur offrir trois personnages de son installation. « Tout ce que vous avez vécu, offert, donné dans ces lieux est imprégné dans ces murs : j'ai été amenée à réfléchir sur ma propre quête », racontait-elle à Sœur Aline lors de sa visite dans leur maison de Pierrefonds. Mémoire était faite!