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-Benoît-Marc Boyer, prêtre de Montréal

Après son « pèlerinage pénitentiel » au Canada le mois dernier, le pape François convoque samedi prochain un consistoire. Occasion de créer de nouveaux cardinaux qui auront, pour la plupart, la fonction, au temps voulu, d’élire son successeur, cela demeure une célébration qui interpelle toute l’Église dans sa catholicité.

D’abord, parce que le collège cardinalice est de plus en plus à cette image. Le pape y nomme généralement des évêques locaux qui, par leur culture, leur langue, leurs traditions propres, incarnent l’universalité de l’Église.

Ensuite, parce que toute l’Église est concernée par ce moment fort où l’évêque de Rome peut prendre conseil de ces hommes du monde sur des projets d’orientation pastorale.

Il arrive aussi, comme ses prédécesseurs l’ont fait avant lui, que François nomme des serviteurs modèles qui, ayant dépassé l’âge des 80 ans, ne pourront pas voter lors d’un éventuel conclave. Ces enseignants ou prédicateurs deviennent cardinal, le plus souvent sans être ordonné évêque, marque de gratitude du successeur de Pierre pour leur engagement. Mais cela rejoint aussi, assez souvent, l’idée d’universalité.

Ainsi en est-il pour le cardinal Gianfranco Ghirlanda, s.j., que je souhaite saluer ici.

Le professeur Ghirlanda a formé des milliers de canonistes, femmes et hommes, qui oeuvrent partout sur la planète au service du droit de l’Église en des formes variées : dans des chancelleries, dans des tribunaux ecclésiaux, dans des nonciatures, etc. Aux études en droit canonique à l’Université Grégorienne comme les canonistes de Montréal m’ayant précédé ou succédé, j’ai eu le privilège de l’avoir comme professeur.

L’homme a une pensée rigoureuse, précise, claire. Son enseignement devient limpide et vivifiant. Je me souviens qu’à chacun de ses nombreux cours, on aurait pu entendre une mouche voler tellement il captivait l’attention.

Il est encore, et surtout, d’Église. Son cours sur le droit canonique comme expression de la communion ecclésiale est une retraite spirituelle. Il n’enseigne pas, il partage le fruit de son expérience personnelle quant à l’unité habitant le cœur des disciples du Ressuscité.

Puisqu’il allie compétence et clairvoyance, on lui demandera d’être doyen, puis recteur de l’Université Grégorienne qu’il servira toute sa vie.

Avec abnégation et humilité, dans l’esprit des conseils évangéliques qu’il a joyeusement embrassés en tant que religieux jésuite, il répondra aux diverses demandes d’aide que des papes lui adresseront.

Mais par-dessus tout, en véritable disciple, c’est son témoignage simple et amical qui marquera les cœurs et les esprits.

Samedi, des milliers de canonistes de partout sur la planète, puis des millions de catholiques, auront le cœur tourné vers Rome dans une célébration de joie, un moment fort qui jalonne l’histoire de l’Église.

Pour moi, cela sera aussi un temps d’action de grâce. Pour avoir croisé les pas d’un homme simple, religieux, prêtre, désormais cardinal, au regard fixé sur Celui qui fut toujours son modèle, son inspiration, son élan.

Merci Gianfranco.

Auguri!