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La nouvelle constitution apostolique, qui fixe le règlement général de la curie romaine, est entrée en vigueur dimanche 5 juin. Décryptage des nouveautés avec Mgr Juan Ignacio Arrieta, canoniste, secrétaire du Dicastère pour les textes législatifs.

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C’est un document majeur du pontificat du Pape François, auquel il s’est attelé dès 2013: Praedicate Evangelium, la nouvelle constitution apostolique, promulguée le 19 mars dernier, en la solennité de saint Joseph, est entrée en vigueur le 5 juin, jour de la fête de la Pentecôte. Remplaçant Pastor Bonus, texte adopté par Jean-Paul II en 1988, cette constitution fixe un nouveau statut pour la Curie romaine. Fruit d’un long travail collégial, qui a commencé dès les réunions précédant le conclave de 2013, ce document légifère sur la structure de l’Église dans son gouvernement central. 

«La réforme n’est pas une fin en soi, mais un moyen de donner un témoignage chrétien fort», écrit le Pape François dans le préambule de ce texte. Deux points-clé ressortent de cette constitution: l’évangélisation et la synodalité, avec l’idée générale que la Curie est au service du Pape, mais aussi de l’Église universelle, en lien avec les Églises locales.

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La constitution apostolique a repris et réorganisé tous les changements intervenus au sein de la Curie au cours du pontificat du Pape François, non seulement dans le domaine du contrôle financier des différents organismes mais de manière générale dans tous les dicastères de la Curie. La nouvelle constitution présente une Curie avec 16 dicastères, 3 tribunaux et 6 organismes à caractère économique. Je crois que le principal objectif de cette constitution est de donner un nouveau dynamisme à la Curie papale. Cela se voit principalement dans les principes que le document lui-même annonce, avant même de préciser les compétences des dicastères. Il y a douze principes que l’on peut résumer en trois axes: le service au Pape et à la communion de l’Église, le service au ministère pastoral des évêques et la communion et la collaboration entre toutes les personnes et toutes les institutions qui composent la Curie romaine. C’est un nouveau dynamisme que le Pape a voulu donner à la Curie pour aider à l’évangélisation.

Que révèle cette constitution de la vision du Pape François pour l’Église universelle?

Dès le début de son pontificat, le Pape a parlé de la nécessité d’une Église «en mouvement», une Église «en sortie». Il ne s’agit pas d’une Église ou d’une Curie vue comme un organisme bureaucratique mais comme une communauté qui doit évangéliser, une mission que le Christ a confié à tout le peuple de Dieu. Ce peuple de Dieu me semble être au cœur de cette constitution apostolique. Par le baptême, nous sommes tous appelés à prêcher la mission du Christ qu’il a reçue du Père. Pour cette raison, la Curie doit savoir surmonter toute tentation bureaucratique et se placer dans une attitude pastorale, de service aux pasteurs, en dialogue avec eux, afin de résoudre les problèmes concrets auxquels chacun est confronté.

Praedicate Evangelium est-elle une rupture ou marque-t-elle une continuité avec les constitutions précédentes?

Il ne faut pas parler de rupture car la constitution apostolique s’inscrit essentiellement dans la continuité de ses prédécesseurs. La Curie est une institution au service du Pape et précisément parce que c’est sa mission, elle est une institution au service de l’épiscopat comme le Pape est au service des épiscopats de toute l’Église. Mais il y a des nouveautés, les normes prévoient un plus grand contact immédiat entre les supérieurs des dicastères et le Saint-Père, un contact direct qui garantit qu’il est toujours au courant des questions les plus importantes. Il y a aussi un plus grand renouvellement des personnes travaillant à la Curie et une plus grande attention à la place que les fidèles laïcs doivent occuper au service du ministère de Pierre, en occupant des postes de responsabilité à la Curie, comme certains le font déjà actuellement.