Pape François

Au cours de l’audience générale qu’il a tenue ce mercredi dans la cour saint Damase, le Pape a longuement évoqué la situation dramatique du pays du cèdre, invitant les fidèles du monde entier à consacrer une journée de prière et de jeûne ce vendredi 4 septembre pour le Liban. Le cardinal secrétaire d’État, Pietro Parolin, sera également dépêché sur place.

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C’est un nouveau signe de la sollicitude du Souverain Pontife pour le Liban: ce vendredi 4 septembre, les croyants sont invités à prier et à jeûner pour ce pays durement éprouvé ; à cette occasion, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, se rendra sur place au nom du Pape pour accompagner le peuple libanais et lui exprimer toute sa proximité et solidarité. «J'invite également les frères et sœurs d'autres confessions et traditions religieuses à s'associer à cette initiative de la manière qu'ils jugent la plus appropriée, mais tous ensemble», a déclaré le Saint-Père avant d’inviter l’assistance à se recueillir en silence à cette intention.

Le Liban, un pays d'espoir

«Un mois après la tragédie qui a frappé la ville de Beyrouth, mes pensées se tournent à nouveau vers le cher Liban et sa population particulièrement troublée», a d’abord déclaré le Pape en préambule de cette longue intervention, au terme de l’audience générale, tandis qu’un prêtre libanais vivant et étudiant à Rome se tenait à ses côtés, en brandissant le drapeau de son pays.

François a ensuite fait siennes les paroles de son prédécesseur, saint Jean-Paul II: «Face aux drames répétés que connaît chacun des habitants de cette terre, nous prenons conscience du danger extrême qui menace l'existence même du pays. Le Liban ne peut être abandonné dans sa solitude» (Lettre apostolique à tous les évêques de l'Église catholique sur la situation au Liban, 7 septembre 1989).

«Depuis plus de cent ans, le Liban est un pays d'espoir, a poursuivi le Saint-Père. Même durant les périodes les plus sombres de son histoire, les Libanais ont préservé leur foi en Dieu et ont démontré leur capacité à faire de leur terre un lieu de tolérance, de respect et de coexistence unique dans la région. Il est profondément vrai que le Liban représente quelque chose de plus qu'un État: le Liban “est un message de liberté, un exemple de pluralisme tant pour l'Orient que pour l'Occident” (ibid.). Pour le bien du pays, mais aussi du monde, nous ne pouvons pas permettre que ce patrimoine soit dispersé», a-t-il soutenu.

"Reprenez courage mes frères!"

Et l’évêque de Rome de lancer plusieurs appels, d’abord au peuple libanais, qu’il encourage «à continuer à espérer et à trouver la force et l'énergie nécessaires pour repartir à zéro», aux hommes politiques et aux chefs religieux afin qu’ils s’engagent avec «sincérité et transparence dans le travail de reconstruction, en laissant de côté les intérêts partisans et en se tournant vers le bien commun et l'avenir de la nation». Le Pape renouvelle également son invitation «à la communauté internationale à soutenir le pays pour l'aider à sortir de la grave crise, sans être impliqué dans les tensions régionales».

François n’oublie pas les Beyrouthins, durement touchés par la double explosion du 4 août dernier: «reprenez courage, mes frères ! Que la foi et la prière soient votre force. N'abandonnez pas vos maisons et votre patrimoine, ne laissez pas s'évanouir les rêves de ceux qui croyaient en l'avenir d'un pays beau et prospère», a-t-il lancé alors que de nombreux jeunes Libanais se sont résolus à quitter leur terre, faute de perspectives d’avenir.

Le Pape s’adresse enfin à l’Église qui est au Liban, aux pasteurs, évêques, prêtres, personnes consacrées, laïcs: «continuez à accompagner vos fidèles. A vous, évêques et prêtres, je demande le zèle apostolique ; je vous demande la pauvreté, pas de luxe, la pauvreté avec vos pauvres qui souffrent. Vous donnez l'exemple de la pauvreté et de l'humilité. Aidez vos fidèles et votre peuple à se relever et à être les protagonistes d'une nouvelle renaissance. Soyez tous des agents d'harmonie et de renouveau au nom de l'intérêt commun, d'une véritable culture de la rencontre, du vivre ensemble en paix, de la fraternité. (…) Que cette harmonie soit un renouveau dans l'intérêt commun. Sur cette base, nous pouvons assurer la continuité de la présence chrétienne et votre contribution inestimable au pays, au monde arabe et à toute la région, dans un esprit de fraternité entre toutes les traditions religieuses qui existent au Liban».

Et de conclure en se tournant vers la mère du pays du Cèdre, Marie, Notre-Dame de Harissa, aimée et vénérée par tous les fils et filles de cette terre, de quelque confession qu’ils soient: «je vous demande de confier à Marie nos angoisses et nos espoirs. Puisse-t-elle soutenir ceux qui pleurent leurs proches et donner du courage à tous ceux qui ont perdu leur maison et avec eux une partie de leur vie. Qu'elle intercède auprès du Seigneur Jésus, afin que le Pays du Cèdre puisse s'épanouir et répandre le parfum de la vie en commun dans toute la région du Moyen-Orient ».