Montréal

Jésus, reprenant la Loi et les Prophètes, nous dit les deux plus grands commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit ». Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 37-39).

L’amour du prochain c’est l’amour de toute la personne qui est corps et âme, coeur et esprit. Prendre soin du malade, c’est prendre soin non seulement de la maladie mais de toute la personne avec sa dignité inhérente. Comment garder vivant en nous le sens de la personne, de toute personne et de toute personne malade ?

Jésus lui-même nous l’indique en s’identifiant aux malades et en nous invitant à les visiter : « j’étais malade, et vous m’avez visité » (cf. Mt 25, 36). Visiter c’est prendre le temps : prendre le temps de rencontrer, prendre le temps de tout quitter, prendre le temps de suspendre mes activités immédiates, prendre le temps de prendre le temps.

Visiter c’est rencontrer la personne dans sa totalité et dans sa vulnérabilité, avec humilité, délicatesse et bienveillance.

Visiter c’est aussi s’ouvrir au témoignage de la personne malade, à l’expression de sa douleur et de sa peine, à la lumière de sa dignité qui rayonne à travers sa fragilité. Visiter c’est voir les moments d’abandon et de sérénité, c’est entendre le coeur qui bat. Visiter c’est me laisser interpeller à voir ma propre mortalité.

C’est en tant qu’être humain, corps et âme, que je vais visiter la personne malade qui est corps et âme. C’est en tant que coeur humain que je vais visiter une personne malade qui est coeur humain : c’est quand on prend le temps que le coeur rencontre le coeur. C’est en tant qu’esprit que je vais visiter une personne malade qui est esprit : c’est quand on prend le temps de prier que l’esprit rencontre l’esprit.

Jésus sur la Croix a porté nos fragilités, nos souffrances, nos péchés et nos morts. Jésus Crucifié et Ressuscité est le premier à visiter le malade. Apporter un Crucifix à la personne malade, le mettre à un endroit qu’elle peut voir en tout temps, c’est lui apporter le réconfort de la présence du Seigneur. Lorsqu’on n’a plus la force de prier, regarder le Crucifix c’est prier.

Je rends grâce à Dieu pour toutes les générosités dans les familles, pour chaque fois que les membres d’une famille se rapprochent d’un des leurs qui est malade. Je rends grâce à Dieu pour tous les aidants naturels et leur fidélité à accompagner la personne proche qui est malade. Je rends grâce à Dieu pour tous les bénévoles qui se dévouent en donnant généreusement du temps pour qu’il n’y ait pas une personne malade seule. Je rends grâce à Dieu pour tous les membres du personnel de la santé qui se donnent en prenant soin des personnes malades et de leur dignité.

 

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40).

 

 

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† Christian Lépine
Archevêque de Montréal