Général

Le 2 février, nous soulignerons la Journée mondiale de la vie consacrée. Voici le témoignage de Simone Huneault, membre de l’Institut séculier Les Oblates missionnaires de Marie Immaculée.

Comment vivez-vous cette pandémie? Cette question fait résonner en moi le fameux cri d’alarme : « restez chez-vous »! Voici, bien humblement, comment je vis cette consigne nécessaire pour sauver des vies mais si opposée à une vie normale en société et en église.

Je suis membre de l’Institut séculier Les Oblates missionnaires de Marie Immaculée, donc laïque consacrée vivant dans les mêmes conditions que les gens de mon entourage. Je venais d’aménager dans mon petit appartement à la Résidence Soleil Plaza quand, en janvier 2020, la COVID-19 fait basculer le monde entier : « arrêtez, restez chez-vous »! 

Confinée, j’ai le cœur gros en mettant mon agenda de côté. C’’est l’appauvrissement total : pas d’assemblée générale de l’Institut à l’été 2020, pas de voyage pour notre rencontre de famille, pas de messes, plus de bénévolat ni de réunions avec mon équipe oblate, plus de rencontres avec les catéchumènes, finis mes projets avec le comité des résidents et les repas ensemble. Nous sommes mis en pause, en attente continue.

« Restez chez-vous », mais  renfermée, comment vivre « ma » mission au sein d’une Église appelée à sortir et aller vers les périphéries? Grâce à cette recherche de sens, j’ai vécu une conversion de mentalité. Un jour, en regardant à la télé les nouvelles sur cette catastrophe qui frappe toute l’humanité et ainsi fait appel pour une action collective à l’échelle mondiale, je vois tout à coup toutes ces personnes à l’écran comme formant un seul corps, humain, vivant et en mouvement pour une même cause : sauver des vies et sauver les systèmes sociaux au service de la population. Dans ce bref instant, j’entends une petite voix intérieure me dire: sors de tes structures mentales d’Institut, d’Église, de pays, ouvre-toi à ce monde auquel tu appartiens! 

Une fierté monte alors en moi : oui, je fais partie de cette humanité. Nous sommes tous et toutes membres d’un même corps avec des charismes variés et complémentaires. Nous sommes tous et toutes agents de transformation, missionnaires, responsables les uns des autres, solidaires, articulés, avec le Christ à la tête. Quel réconfort : « ma » petite mission, unie à celle de toute personne, s’étend sur toute la planète. À chaque Eucharistie, virtuelle ou présentielle, j’aime offrir ce corps humain avec celui du Christ souffrant, glorieux.

« Restez chez-vous », une réalité inédite qui transforme aussi ma vie spirituelle.  La spiritualité oblate se résume par les 5-5-5. Ce sont 5 moments privilégiés de prière, 5 attitudes de vie, 5 actes conscients de charité. Nous partageons la spiritualité des attitudes de vie et de la Charité du Christ en action avec le groupe associé Les Volontaires de Dieu.

Les 5 moments de prière sont: Eucharistie, Méditation/oraison, Office divin, Chapelet, Revue du jour. « Rester chez-moi » me donne plus de temps pour faire plus ample connaissance de Dieu-Trinité,  dialoguer avec Lui, vraiment goûter Sa Parole, Le laisser entrer librement dans tous les recoins de mon être. Aussi, en communion avec les gens de tous les pays, membres d’un même corps, ma prière universelle a maintenant des noms, des situations et des visages bien concrets.

Ces temps de prière m’inspirent et me façonnent avec la mentalité du Christ pour vivre et témoigner sa charité par 5 attitudes de vie spécifiques : Présence de Dieu, absence de critique destructive intérieure et extérieure, absence de plainte inutile intérieure et extérieure, être de service, artisane de paix. Quand les choses vont assez bien, à la longue, ces attitudes se vivent presque naturellement. Mais, quand tout le monde a chaviré avec la COVID-19, j’ai perdu mes repères habituels. J’ai dû aller plus en profondeur, sonder mes convictions.

Par exemple, à la question, où est Dieu, que fait-il en ce temps de pandémie si éprouvante, moi oblate qui crois en la Présence aimante et agissante de Dieu, j’ai appris à répondre qu’en nous donnant des talents pour la mission, Dieu compte sur nous pour être sa parole, son cœur, ses mains, ses pieds afin de bâtir et rebâtir un monde plus juste et plus humain, en étant au service des vrais besoins de la personne et de la création.

Et, au lieu de critiquer et de me plaindre suite aux nombreuses nouvelles tristes, je m’efforce à trouver du beau, du bon, du positif dans les autres et dans les événements et à le partager. Je souhaite qu’en libérant ainsi le meilleur dans le monde, en semant la paix et l’espérance, nous pourrons  passer à travers cette cruelle pandémie,  renouvelés, sensibilisés, responsabilisés dans nos choix pour le bien commun.

Le troisième 5 : faire au moins 5 actes conscients de charité durant la journée, à la manière de Jésus de Nazareth qui passait en faisant le bien. Depuis que nous devons limiter nos activités extérieures, nos conversations sont beaucoup plus intimes, en lien avec nos émotions, nos besoins,  notre vision du monde, de la vie, de la souffrance, de la mort. Je tâche d’écouter et de dialoguer avec  bienveillance, amitié, amour, encouragement. Aussi,  je pense à apporter une touche de bien-être quand je participe par Zoom à différents cours, conférences,  réunions, rencontres chaleureuses et à des réseaux de différentes formes d’engagement social.

Ce sont toutes des occasions pour être solidaires dans la mission et, face à l’inattendu, vivre pleinement le moment présent dans la confiance, la gratitude et l’espérance, comme nous l’a enseigné notre fondateur, le père Louis-Marie Parent, o.m.i.. 
Avec plaisir, je vous invite à visiter notre site web : www.ommi-is.org


Bonne Fête de la Vie consacrée!
Simone Huneault