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Après son lancement au Royaume-Uni le 24 novembre dernier, le rapport Entendez ses pleurs est maintenant disponible au Canada, en anglais et en français. Ce dernier ouvrage de l’Aide à l’Église en Détresse (AED) permet de découvrir l’ampleur tragique d’un phénomène encore méconnu : la double persécution dont sont victimes des femmes chrétiennes en Égypte, en Irak, en Syrie, au Nigeria, au Mozambique et au Pakistan.

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Entendez ses pleurs, l’enlèvement, la conversion forcée et la victimisation sexuelle des femmes et des filles chrétiennes trace un sombre portrait de la situation des jeunes filles et des femmes qui appartiennent aux minorités religieuses, principalement chrétiennes, dans des pays où la condition des femmes est toujours précaire sur les plans de l’égalité, de l’accès aux soins de santé ou encore au monde du travail. Sans compter les lois religieuses concernant la famille, qui soumettent souvent les jeunes filles et les femmes à des règles sexistes émises au nom de lois religieuses.  

« Ce rapport est comme un cri lancé au sujet d’une question que commencent à peine à saisir les instances internationales », estime Marie-Claude Lalonde, directrice nationale de l’AED Canada, bureau responsable de la traduction française. « Quand nous étudions le phénomène de la persécution religieuse, nous réalisons que dans certains pays, le fait d’être de sexe féminin devient une source supplémentaire de persécution. Être femme et chrétienne s’avère alors une double condamnation », indique-t-elle.  

 Par ailleurs, il est extrêmement difficile de chiffrer le phénomène, les cas d’enlèvements, de conversions forcées et de victimisations sexuelles parce que les victimes elles-mêmes refusent d’en parler.  « Plusieurs aspects entrent en ligne de compte », note Mme Lalonde. « D’abord, la honte des femmes de retour dans leur famille. Elles ne parlent pas parce qu’elles ont honte et qu’elles ne veulent pas que cette honte rejaillisse sur leur famille et parfois même sur leur communauté.  Puis, elles ont peur des représailles puisque leurs tortionnaires les ont menacées de mort et ont également proféré des menaces à l’encontre de leurs proches.  Il faut aussi mentionner la corruption des forces de l’ordre qui ne font rien pour enquêter correctement, arrêter les suspects et les faire condamner, le cas échéant. Cela est particulièrement vrai au Pakistan, l’un des pires pays en matière de respect de la liberté religieuse. » 

Le courage du témoignage 
 
Certaines victimes ont pourtant accepté de témoigner à visage découvert et de raconter leur histoire. La jeune chrétienne  pakistanaise Farah Shaheen a été enlevée à l’âge de 12 ans (elle en a maintenant 13). Elle a été enchaînée par son « nouveau mari », convertie de force à l’Islam et a été utilisée comme esclave sexuelle, en plus de devoir nettoyer les excréments des animaux de la ferme.  

« Ce cas est l’un des plus horribles, mais le courage montré par cette toute jeune adolescente est absolument extra-ordinaire », estime Marie-Claude Lalonde. « Son père aussi s’est battu pour elle, mais les forces de l’ordre n’ont rien fait. Il s’est fait traiter de churha ce qui veut dire sale, précisément parce qu’il est chrétien. » Dans ce cas-ci, l’histoire se termine bien, car un tribunal a finalement invalidé le mariage le 16 février dernier. « Officiellement au Pakistan seulement, il y aurait environ 1000 jeunes filles et femmes chrétiennes et hindoues qui sont enlevées, mariées et converties de force chaque année. Mais, certains rapports suggèrent que ce chiffre serait plutôt le fait de la seule province du Sindh », indique Mme Lalonde. 

« En cette Journée internationale des droits de la personne, je suis très heureuse de pouvoir présenter ce rapport, et j’espère qu’il permettra de nouvelles avancées en matière des droits de la personne », conclut Mme Lalonde. 

Le rapport Entendez ses pleurs, l’enlèvement, la conversion forcée et la victimisation sexuelle des femmes et des filles chrétiennes, peut être consulté en format PDF ou bien grâce à la technologie de lecture 3 D FlipBook, à l’adresse https://acn-canada.org/fr/les-publications/.