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Le cardinal australien, préfet émérite du secrétariat à l'Économie, est décédé des suites d'une opération chirurgicale. Dans un télégramme de condoléances, le Pape François salue notamment sa collaboration avec le St-Siège dans sa réforme économique.

Source - par Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

Le cardinal australien George Pell, préfet émérite du secrétariat à l'Économie, est décédé mardi soir à Rome à l'âge de 81 ans. Le cardinal serait décédé de complications après une opération de la hanche prévue de longue date. Il y a quelques jours, il avait concélébré les funérailles de Benoît XVI sur la place Saint-Pierre.

Le cardinal Pell était à Rome où il était revenu en septembre 2020, deux ans après avoir été jugé en Australie pour une allégation d'abus sexuels sur des mineurs dans les années 1990. Après une longue audience judiciaire, un tribunal de Victoria avait ordonné l'arrestation du cardinal, révoquant la caution qui lui avait été accordée après sa mise en examen en décembre 2018. Condamné à six ans d'emprisonnement en 2019, le cardinal n'a été totalement exonéré que par un jugement de la Haute Cour en avril 2020. La décision a été saluée par le Saint-Siège, qui a déclaré dans un communiqué qu'il avait toujours fait confiance à l'autorité judiciaire australienne.

L'expérience de la prison

Avant son acquittement, le cardinal Pell a néanmoins passé 404 jours dans une cellule de deux prisons de sécurité maximale à Melbourne et Barwon, de février à juillet 2019. Une expérience difficile, vécue aussi pendant un certain temps en isolement, dont le cardinal avait rapporté tous les détails dans une série intitulée "Journal de prison ", publié par Ignatius Press. En plus de 300 pages, le cardinal, prenant ses notes quotidiennes, a relaté ses rencontres avec d'autres prisonniers, les visites et les lettres qu'il a reçues, ainsi que la prière et l'Eucharistie qui l'ont accompagné pendant son emprisonnement.

«Mon expérience montre à quel point les enseignements de l'Église nous aident, à quel point il est utile de prier, de rechercher la grâce de Dieu», a-t-il déclaré dans une interview accordée à Radio Vatican - Vatican News, dans laquelle il a également expliqué qu'il n'a pas cessé d'écrire pendant son emprisonnement parce que «je pensais que cela pourrait être utile à ceux qui sont en difficulté, à ceux qui vivent un moment de souffrance, comme celui que j'ai traversé». Ensuite, ajoute-t-il, «j'ai pensé que tenir un journal serait intéressant d'un point de vue historique, car les cardinaux qui ont fait l'expérience de la prison ne sont pas nombreux».

Un apport essentiel à la Curie romaine

Le cardinal avait rejoint la Curie romaine le 13 avril 2013, lorsque le Pape François l'avait nommé membre du Conseil des cardinaux pour la réforme de la Curie romaine. Le 24 février 2014, il a occupé le poste de préfet du secrétariat à l'Économie nouvellement créé, initiant une série de réformes financières. Il avait quitté ces deux postes respectivement en décembre 2018 et en février 2019. En juin 2017, il avait été mis en examen pour abus et était donc retourné en Australie pour y être jugé. Le Pape François lui avait accordé une autorisation pour se défendre contre ces accusations.

Le 12 octobre 2021, le Pape lui-même a reçu le cardinal au palais apostolique. À cette occasion, François l'avait remercié pour son témoignage. Dans l'interview accordée à Mediaset avant Noël, le Saint-Père avait rappelé le travail accompli par le cardinal dans le domaine économique, soulignant qu'en raison d'une «calomnie» - faisant référence aux accusations dont il avait fait l'objet en Australie - il avait dû quitter l'administration : «C'est Pell qui a tracé les grandes lignes de la manière dont nous pouvions aller de l'avant. C'est un grand homme et nous lui devons beaucoup de choses».

Les condoléances du Pape François

Dans un télégramme de condoléances adressé au doyen du collège cardinalice, le Pape François fait part de sa tristesse après la disparition du cardinal australien. Le Pape salue son « témoignage constant et engagé, son dévouement à l’Évangile et à l’Église et surtout de sa collaboration diligente avec le St-Siège dans sa réforme économique dont il a jeté les bases avec détermination et sagesse ».

« J'élève des prières de suffrage pour que ce fidèle serviteur, qui a suivi son seigneur avec persévérance même à l'heure de l'épreuve, soit accueilli dans la joie du ciel et reçoive la récompense de la paix éternelle » écrit encore le Saint-Père dans ce télégramme.