Montreal

Par les fenêtres situées à l'ouest, le soleil doré du soir pénètre le sanctuaire, illuminant l'immense fresque de la Madone et l’Enfant. L'air à l'intérieur est animé par les douces mélodies et l'accompagnement aux tambours métalliques de l'ensemble choral et instrumental. Nous filtrons dans l’espace, arrivés de nos nombreux lieux d'origine et nous nous asseyons un à un, par groupes de deux, par familles, tous chaleureusement accueillis dans l'église de Notre-Dame-des-Hongrois.

L'occasion qui nous réunit ce soir est la messe qui sera célébrée par Mgr Alain Faubert, pour marquer ensemble la 107e Journée mondiale du migrant et du réfugié.

Vers un nous toujours plus grand

La première lecture, tirée de Nombres 11, 25-29, racontait comment l'Esprit Saint était descendu sur les soixante-dix anciens à l'intérieur de la tente du Tabernacle qui se sont mis tout de suite à prophétiser. Mais entre-temps, une partie de l'Esprit était également descendue à l'extérieur de la Tente, inspirant également deux hommes dans le camp. Ces derniers, nommés Eldad et Medad, se mirent à prophétiser eux-mêmes, ce qui attira l'indignation de l'un des hommes choisis par Moïse qui implora Moïse d'interdire à ces deux autres de prophétiser. Moïse répondit : « Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux! » Dans son message pour la 107e Journée mondiale du migrant et du réfugié 2021, le pape François, dans ce même sens, invite l'Église à être « prête à élargir sa tente pour accueillir tout le monde ».

La deuxième lecture était tirée de Jacques 5, 1-6, dans lequel le disciple condamne la complaisance des riches qui perpétuent la misère des ouvriers qui peinent et périssent, leur justice et leur humilité méprisées dans la vie et dans la mort.

La célébration s'est poursuivie en swahili par un éventail de personnes partageant leurs louanges et leurs humbles demandes dans une multitude de langues. Des familles qui ont généreusement partagé leurs expériences de migrants, des personnes courageuses qui ont raconté comment elles sont restées ensemble à travers de telles épreuves malgré le déracinement, des personnes âgées qui ont fondé une nouvelle existence et un nouveau foyer ici, des femmes et des hommes extraordinaires et des prêtres dévoués qui nous ont rappelé l’action du bon Samaritain, l'étranger impur qui a enfreint les règles afin d’aider son prochain - ce sont les personnes avec lesquelles nous avons prié en ce jour important.


''aucun prophète n'est bien reçu dans sa patrie''. (Luc 4:16-30)

À travers l’exemple d’Eldad et Medad qui prophétisaient aux périphéries et de saint Jacques qui prêchait contre les injustices que nous tolérons à l'intérieur de « notre » monde alors que nous jouissons aveuglément de « notre » confort, l'Esprit Saint nous révèle sa sagesse en nous recommandant la fraternité et la justice universelles. Notre Église catholique se doit de vivre cette fraternité universelle et d’incarner cette justice universelle. Ainsi, à la conclusion de son homélie, Mgr Alain Faubert a-t-il, lui aussi, comme Moïse, appelé le peuple de Dieu tout entier à devenir un peuple de prophètes.

La musique retentissait encore lorsque nous sortions de l’église Notre-Dame-des-Hongrois dans ce soir de dimanche d'automne pour méditer, chacun à sa manière, comment nous allons mettre en pratique cette vocation à devenir « un nous toujours plus grand ».